La politique ne pourra bientôt plus ignorer l’arithmétique

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Par Simone Wapler Publié le 11 septembre 2014 à 5h26

0,4% de « croissance » et 4,4% de déficit = une récession de 4%

Le budget de la France est devenu un casse-tête car le déni de réalité rend fou. En réalité la France vit au dessus de ses moyens depuis presque un demi-siècle et comme les moyens diminuent mais pas le train de vie, les budgets sont de plus en plus difficiles à élaborer.

Le PIB est considéré comme le reflet de la richesse d'un pays mais en réalité, il est une somme de dépenses et dans ces dépenses figurent le déficit. C'est comme si vous considériez que votre crédit à la consommation faisait partie de vos revenus. Donc 0,4% de croissance avec 4,4% de déficit cela veut dire que notre pays est en réalité en décroissance, que l'activité décline ; autrement dit nous sommes en récession. Les effets de ce désastre sont camouflés en distribuant de l'argent que l'État emprunte. De la même façon, si vos dépenses progressent de 0,4% mais que pour y faire face vous avez dû emprunter 4,4% du montant de ces mêmes dépenses, c'est que vos revenus baissent.

Passons sous silence un autre point d'arithmétique : prévoir 0,4% de croissance alors qu'il y a 365 jours dans l'année et 218 jours travaillés est périlleux. 0,4% représente moins d'un jour de travail. Il ne faudrait pas qu'il neige trop en décembre ou bien qu'il y ait une grosse grève car 0,4% de « croissance » serait vite partis en fumée.

A propos de fumée, tout un enfumage statistique et économique est en train – lentement mais sûrement - de se dissiper. L'État ne possède pas le PIB d'un pays, il censé dépenser ce qu'il collecte en impôts. Le vrai déficit est (dépenses-recettes)/(recettes) soit plutôt 34% des recettes (qui sont d'un peu moins de 285 Mds€ aux dernières nouvelles).

Comment en sommes-nous arrivés là ? En avalant gentiment couleuvres sur couleuvres. Parmi les plus populaires :
• Qui consomme s'enrichit (c'est la relance par la consommation ; variante « politique de l'offre »)
• Qui consomme à crédit s'enrichit (c'est la relance par le déficit)
• Si chacun travaille moins la collectivité s'enrichit (c'est le mythe du partage du travail et les 35h00)
• L'État investit (alors que l'État prend et redistribue ou bien dépense sans but lucratif)
• ...

D'autres couleuvres sont actuellement en cours de préparation la plus cocasse étant peut-être ces « investissements de maintenance et d'entretien » préconisées par Christine Lagarde et le FMI (interview dans Les Echos du lundi 8 septembre).
Si vous restez songeur et que vous croyez encore qu'un investissement n'est justement ni de la maintenance ni de l'entretien, c'est que vous êtes un fossile inadapté aux théories économiques modernes.
Pour dynamiser l'économie européenne, il faudrait que les Allemands consacrent 0,5% de leur PIB à des « investissements de maintenance et d'entretien » poursuit Christine Lagarde. Pas sûr qu'elle arrive à séduire Wolfgang Schaüble avec sa petite matelote de couleuvres...

En attendant, il faut boucler ce fichu budget sachant que les socialistes sont programmés pour faire des économies comme les carmélites pour lancer une super production pornographique et que la Troïka nous attend au coin du bois.

Reste la possibilité de la révélation et de l'illumination. Mamie Macron n'a-t-elle pas dit « Si on ne produit pas, on n'a pas grand chose à distribuer... » et son petit-fils Emmanuel de s'en souvenir en la citant dans une interview au Parisien ?

Espérez le meilleur mais préparez-vous au pire, Mamie Macron ne renierait probablement pas ce conseil.
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Simone Wapler est directrice éditoriale des publications Agora, spécialisées dans les analyses et conseils financiers. Ingénieur de formation, elle a quitté les laboratoires pour les marchés financiers et vécu l'éclatement de la bulle internet. Grâce à son expertise, elle sert aujourd'hui, non pas la cause des multinationales ou des banquiers, mais celle des particuliers. Elle a publié "Pourquoi la France va faire faillite" (2012), "Comment l'État va faire main basse sur votre argent" (2013), "Pouvez-vous faire confiance à votre banque ?" (2014) et “La fabrique de pauvres” (2015) aux Éditions Ixelles.

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