Déficit budgétaire : l’urgence n’est pas d’atteindre les 3 % de Bruxelles, mais de résorber le déficit structurel

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Par Jean-Marc Daniel Publié le 17 juillet 2013 à 3h00

Le début de l'été marque l'intensification de la mise en forme du Budget. Si la perte du AAA auprès de la dernière agence de notation de référence est passée relativement inaperçue, l'économie spectacle entretenue par ces agences ayant tendance à passer de mode, reste néanmoins l'enjeu du déficit affiché aussi bien pour 2014 que pour l'exécution 2013.

Les perspectives immédiates en la matière ne sont pas rassurantes. Ainsi, l'exécution 2013 se solderait par 4 % de déficit du fait des difficultés que rencontre en France comme ailleurs une politique d'austérité ne pouvant compter sur aucune dynamique de croissance (les prévisions pour les prochains mois tablant sur un rythme annuel de tout au plus 0,8%). Pourtant en se focalisant sur le déficit en tant que tel sans faire de distinction entre déficit conjoncturel et déficit structurel, les opposants à la politique du gouvernement font fausse route.

J'en veux pour preuve l'attitude de la Commission européenne. Convaincue que sur la base des évolutions économiques spontanées, le déficit public de la France pourrait être encore de 4,2% voire 4,5% du PIB en 2014, elle a pourtant jugé qu'il fallait laisser du temps à Paris pour rétablir la situation. En revanche, elle a demandé au gouvernement français de prendre des engagements en tendance c'est-à-dire portant sur l'évolution du déficit structurel. Dans son évaluation de la situation, elle centre de fait son verdict sur la composante structurelle des évolutions économiques et budgétaires de la France, conformément à la logique et au texte du traité européen TSCG [Traité européen sur la stabilité, la coordination et la gouvernance, NDLR].

Dans cette logique, l'enjeu n'est pas la croissance mais la croissance potentielle, n'est pas le déficit mais le déficit structurel. Et en la matière le gouvernement français est sur la même longueur d'onde. Il a pris l'habitude de présenter sa politique budgétaire selon cette logique, parlant de réformes structurelles, de déficit structurel et de stabilisateurs automatiques. L'économie de dépenses publiques de 60 milliards d'euros annoncée par le président de la République en novembre 2012 doit s'apprécier par rapport à un budget fictif évoluant au rythme de la croissance potentielle. Cet engagement a été renouvelé par l'annonce faite par le gouvernement d'une baisse des dépenses publiques de 14 Mds € en 2014 -9Mds € pour l'Etat locales, 5 Mds pour les autres acteurs publics- baisse appréciée insistons là-dessus par rapport à une évolution tendancielle des dépenses publiques se faisant au rythme de la croissance potentielle.

Si ce raisonnement qui est parfaitement accessible aux technocrates de Bruxelles car il est en parfait accord avec le texte du TSCG, est absent du débat public pour lequel il est soit incompréhensible soit carrément fallacieux, il n'en reste pas moins déterminant. Car l'objectif de notre politique budgétaire doit être clairement de résorber au plus vite le déficit structurel et non une course après les 3% digne de celle « d'Achille et de la tortue » ; l'objectif à long terme de notre politique économique doit être le redressement de la croissance potentielle et donc de l'investissement productif privé et non une accumulation de mesures immédiates à court terme visant à améliorer en feu de paille la conjoncture ou la situation de l'emploi.

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Jean-Marc Daniel enseigne l’économie à l’ESCP Europe. Chroniqueur au journal « Le Monde » et sur « BFM Radio », il dirige également la revue « Sociétal ». Il est également l’auteur de : « Le taureau face aux tigres » aux Editions Pearson « Histoire vivante de la pensée économique » aux Editions Pearson

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