Couper ou mourir : il n’y a pas de troisième voie

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Par Philippe Préval Modifié le 1 janvier 2017 à 10h21
Unedic Crise Dette Chomage Regime Deficit
@shutter - © Economie Matin
57 %En France, les dépenses de l'État par rapport au PIB s'élèvent à 57 %.

L’institut économique Molinari a récemment publié une très intéressante et très pédagogique étude: "Le jour où les États de l’Union européenne ont dépensé toutes leurs recettes". Cette publication classe les pays européens suivant le jour où ils ont épuisé l’argent collecté et commencent à emprunter pour payer les fonctionnaires. Au lieu d’analyser les dérives budgétaires en fonction de pourcentages de PIB et autres concepts un peu abstrait, on l’analyse comme le ferait un ménage dont les fins de mois sont difficiles.

Le même jour ou presque (8 et 9 novembre), nous avons donc appris que les femmes et les fonctionnaires pouvaient rentrer chez eux, les premières parce que du fait de l’inégalité salariale, elles commençaient à travailler pour rien, les autres parce que du fait du manque de maîtrise des budgets, il n’y avait plus de quoi les payer. Bien entendu, ce ne sont que des figures de style, les femmes ont continué à aller travailler, les fonctionnaires ont continué à être payés, et cela s’est fait en augmentant la dette, qui, comme chacun semble le penser en politique, peut croitre à l’infini.

Eh bien nous sommes 3èmes sur 28, derrière la Grèce et le Portugal. Nous nous arrêtons le 9 novembre, les anglais et les Italiens 15 jours plus tard. Quant aux Allemands, ils vont jusqu’au 10 Janvier !

Pour être encore plus illustratif, mettons-nous avec nos concurrents sur la ligne de départ d’un 100 mètres. Le résultat est sans appel : quand les Allemands passent la ligne, nous sommes 14 mètres derrière. Si nous courions un marathon, ils auraient fini de prendre leur douche quand nous serions encore en train de peiner dans le dernier kilomètre. Nous ne sommes pas dans la même catégorie, bien que nous soyons dans le même espace économique, le même espace monétaire, sans aucune barrière pour protéger notre faiblesse de leur force.

Tout le monde a voulu croire à une certaine amitié entre les peuples ou les anciennes nations belliqueuses, mais, comme dit l’adage anglais, il n’y a pas d’amitié en affaires, seulement de la concurrence et des alliances de circonstance, et la seule vérité est que les forts éliminent les faibles. Continuer avec un tel déficit de performance mène à la perte de notre substance et, assez rapidement, à notre mort. Que les sceptiques aillent se promener dans le mezzo giorno, le même processus est à l’œuvre pour nous et, une fois arrivé à son point d’équilibre, il est définitif.

Depuis 2014, le nombre de jours de dépenses non financées a décru en Europe, passant d’une valeur moyenne de 37 à 31 jours (16% d’amélioration), mais la France, elle, est restée fixée à 53 jours. Autant dire que notre performance relative par rapport à nos concurrents s’est encore dégradée. On peut se remonter artificiellement le moral en se disant que les Grecs font pire mais souhaite-t-on vraiment se comparer aux Grecs ?

Est-ce parce que nous n’avons pas assez de recettes, est-ce la faute de ces fameux 80 milliards de fraude fiscale que se promet de récupérer Monsieur Hamon ? On peut en douter : comme le rappelle le rapport en page 19, nous avons le plus haut taux de prélèvements de l’UE avec la Finlande. 53,5% ! Et notre dépense, elle, est aussi la plus forte : 57%. Il y a eu tellement de discours sur les efforts budgétaires, pour si peu de résultat quand on regarde la réalité des chiffres : une augmentation 100 milliards depuis la prise de fonction de Hollande, un rythme de croisière de 1% de progression par an et de 3% pour les budgets sociaux !

Mais la plus violente des comparaisons, et la plus simple aussi, porte sur le pourcentage de dépenses de l'État (administration centrale, dépenses sociales et administration régionale) par rapport au PIB : 57% pour la France, 47% pour l’UE. Et on me traite de catastrophiste quand je dis que le bateau coule! Et je trouve encore des gens pour me dire que la France est un pays riche ! Mais dans quel tableau de Magritte vit-on? 20 % d’écart en performance relative ! Qui peut supporter ça ? Qui a pu, à un seul moment, croire que cela serait possible sans entraîner fermetures d’usines, délocalisations de services, chômage, appauvrissement, misère, renforcement des prestations sociales pour éviter que les gens ne crèvent de faim, creusement des déficits ? Quelle incroyable inconséquence que celle des Jospin, des Chirac et des Aubry, relayée de génération en génération par les Fillon, les Raffarin, et toute la bande des républicains - jusqu’à Hollande, Sapin, Macron et Valls.

Les chiffres présentés par le rapport ne sont pas alarmants, car ils sont connus de tous, mais ils sont accablants, et ils seraient encore pires si les dépenses d’équipement des communes n’avaient été coupées par Bercy - l’état de nos routes secondaires commence à refléter ces économies de façade - pour conserver intactes les dépenses de fonctionnement (un tel principe de gestion en entreprise, et c’est la ruine assurée).

Il faut couper résolument dans les frais de fonctionnement de la machine étatique et dans les budgets sociaux. Faute de quoi, le destin du mezzo giorno nous attend : un grand squelette dont les os blanchissent au soleil et permet aux touristes de faire de belles photos.

Il n'y a pas de troisième voie, et c'est pourtant dans cette troisième voie qui n'existe pas que s'engouffrent les candidats à la présidentielle. Dans ces conditions, l'émergence de candidats-citoyens venant de l'économie réelle n'est pas un caprice d'électeurs, ni même un espoir pour "la qualité du débat", mais une question de survie pour la Nation entière.

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Philippe Préval est entrepreneur, DG de la société Lusis et candidat-citoyen à l’élection présidentielle.

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