Doit-on s’inquiéter du déficit public de la France ?

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Par Sandy Campart Modifié le 27 avril 2013 à 5h22

Les dernières statistiques publiées par Eurostat font état d'un déficit public atteignant 4,8% du Produit Intérieur Brut (PIB), de 0,3 point supérieur aux engagements de la France auprès de ses partenaires européens.

Ce chiffre confirme les difficultés structurelles de la France dans une conjoncture économique aggravante.

La France connait un déficit récurrent de ses finances publiques depuis les années 80. En 1980, la dette publique française représentait un peu plus de 20% du PIB. Depuis, pas une année ne s'est écoulée sans enregistrer un déficit (même pendant les années de croissance les plus soutenues) et la dette a augmenté progressivement jusqu'à atteindre, en 2012, 90% du PIB.

Depuis la fin de la période des 30 glorieuses (1945 à 1973 année du premier choc pétrolier), les systèmes de redistribution ont été peu questionnés alors que des transformations sociologiques d'envergure sont intervenues (durée de vie, temps de travail, organisation familiale, structure par âge de la population, ...).

Parallèlement, les subventions et les dépenses d'investissement, sources de compétitivité, ont reculé proportionnellement au Produit Intérieur Brut. La recherche et développement, l'éducation, les infrastructures, la protection de l'environnement ont été trop faiblement irriguées dans un environnement concurrentiel qui s'est fortement durcit.

De nombreux pays, dont la France, se trouvent aujourd'hui confrontés à des déficits publics répétés et croissants dans un contexte de taux d'intérêt réels supérieurs à la croissance. Depuis les années 80, à quelques exceptions près, la France a affiché des taux de croissance de son activité économique - dont dépendent directement les rentrées fiscales - inférieurs aux taux auxquels elle s'est endettée.

La charge de la dette s'est donc relativement alourdie rendant délicat l'objectif d'équilibre budgétaire. Cet écart se ressent d'autant plus fortement que le stock de dettes aujourd'hui en France représente 90% du PIB. Plus problématique, la France affiche un déficit budgétaire primaire, c'est-à-dire hors paiement des intérêts. Cela signifie que son besoin de financement continue à croître au-delà des intérêts de la dette à payer.

A court terme, la nécessaire consolidation budgétaire, dans un climat très tendu autour de la question de l'endettement des pays de la zone euro, va continuer à peser sur la croissance, l'emploi, les salaires, les revenus des placements immobiliers et financiers. Après une baisse, confirmée par l'INSEE, du pouvoir d'achat des ménages en 2012, les trois quarts des ménages français s'attendent à un recul de leur pouvoir d'achat en 2013 (enquête réalisée pour 60 millions de consommateurs).

A moyen terme, si les mesures de consolidation restaurent la confiance, aboutissent à des réformes institutionnelles efficaces, préservent les investissements générateurs de gains de compétitivité, une nouvelle dynamique de croissance pourrait s'amorcer.

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Sandy Campart est enseignant-chercheur et directeur de l'IUP Banque Finance Assurance - IAE Caen. Il est co-auteur de « Risques de taux d'intérêt et de change » avec Pedro Jimenezet auteur de « Et si on osait investir en bourse ? ».

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