Les chiffres du PIB au premier trimestre 2020 étaient légèrement moins mauvais qu'annoncé. Ceux du second trimestre devraient être pires, mais les premières estimations de la reprise économique pendant le déconfinement ne portent pas à être plus pessimiste. Si les chiffres du chômage sont impressionnants dans les catégories les plus fragiles, la moitié de l'augmentation enregistrée devrait se résorber rapidement. Les derniers chiffres permettent de continuer de tabler sur une reprise de la croissance du PIB de 6,5% en 2021 après 9% de contraction en 2020.
- Les chiffres du PIB au 1er trimestre sont moins mauvais qu'annoncé. Ceux du second devraient être au moins deux fois pires.
- Les dernières données ne permettent pas d'être plus pessimistes, nous tablons toujours sur une contraction de l'économie de 9% en 2020
- Il aura fallu deux mois pour voir le nombre de chômeurs augmenter autant qu'en 4 ans en 2008, mais la moitié de la hausse devrait se résorber rapidement
Les chiffres de la croissance au premier trimestre un peu moins mauvais qu'annoncé
En France, les chiffres du PIB pour le premier trimestre sont venus confirmer les premières estimations de la contraction de l'économie pendant la crise du coronavirus. Une baisse d'activité d'environ 35% (dont une baisse de 32% de l'activité industrielle) pendant les deux dernières semaines de mars aura amené une contraction de 5,3% (T/T) sur le premier trimestre. Les composantes montrent que c'est la demande intérieure qui aura le plus pesé sur la croissance, la baisse des exportations (-6,1% T/T) étant compensée par la forte baisse des importations. La consommation privée s'est contractée de 5,6%, et les investissements de 10,5%. Des chiffres historiquement mauvais qui n'en seront pas moins minimisés par ceux du second trimestre qui devraient être au moins deux fois pires.
L'activité serait toujours 25% sous son niveau de fin d'année au second trimestre
Tous les regards sont en effet maintenant tournés vers le second trimestre. Selon l'INSEE, les dernières enquêtes montrent un retour progressif de l'activité pendant le déconfinement. Si la première quinzaine de mai a encore vu une activité 30% sous la normale (après 35% en avril), la seconde a vu l'activité revenir 20% sous la normale. L'INSEE estime un mois de juin 15% sous la normale, ce qui amènerait à une activité au second trimestre encore en moyenne 25% sous son niveau de fin 2019. Cela impliquerait une nouvelle contraction du PIB d'environ 12% au second trimestre (soit 50% en croissance trimestrielle annualisée), en ligne avec notre prévision actuelle. Cependant l'INSEE indique les nombreuses incertitudes qui entourent ces estimations et a prévenu hier dans une note de conjoncture que la contraction pourrait atteindre 20%. Malgré la reprise attendue, un tel chiffre amènerait la croissance de l'économie française en 2020 à -13%, bien en-dessous de notre estimation actuelle de -9%. Nous continuons par ailleurs de tabler sur une reprise de 6,5% en 2021, qui laisserait encore le PIB 4,5% sous sa tendance d'avant crise à la fin de l'année prochaine.
Les dépenses de consommation se reprennent fortement pendant le déconfinement
Les estimations de la reprise d'activité pendant le déconfinement sont notamment basées sur le trafic de fret ferroviaire et la consommation d'électricité ainsi que sur les transactions de paiement réalisées dans les magasins. Ces dernières montrent que la consommation s'est fortement reprise dans les deux premières semaines de déconfinement : les dépenses seraient revenues 6% en-dessous de leur niveau de février. Ce chiffre contraste fortement avec la baisse des dépenses enregistrée en avril et publiée ce matin, soit -33% par rapport à la situation pré-confinement. De cette reprise, il n'est cependant pas certain qu'elle sera soutenue puisqu'il s'agit là des premiers achats réalisés sur le coup d'une liberté retrouvée.
…et ce, malgré les craintes du chômage auquel les plus fragiles payent le prix fort
Ces chiffres sont néanmoins encourageants au vu de la confiance des consommateurs, qui restait basse en mai 2020 et des craintes du chômage qui limitent les velléités de dépenses des consommateurs, surtout les plus fragiles. Les chiffres publiés hier montraient en effet une hausse historique du nombre de chômeurs, de 827.000 personnes, soit un peu plus d'un million au total depuis février. En 2008, il avait fallu plus de quatre ans de crise pour atteindre ce chiffre. Les travailleurs temporaires, les contrats de très courte durée et les intérimaires ont payé le prix fort et font près des trois quart de la hausse. De ce point de vue, les enquêtes de conjoncture parues cette semaine montraient une très forte reprise des intentions d'embauche de travailleurs temporaires, qui devrait de facto limiter dans le temps le rebond spectaculaire du chômage. Nous tablons toujours sur une hausse d'environ 600.000 personnes à la fin de l'année avec un taux de chômage 1,5pp plus élevé qu'en décembre, à 10%.