Le changement climatique ne suscite aucun débat. D’énormes dépenses sont engagées sans mesure de leur efficacité.
En décembre dernier, la Conférence de Katowice sur les changements climatiques (COP24 pour les intimes) était l’occasion de ressasser les habituelles prises de positions autour de la protection de la planète.
Cette rencontre internationale avait pour double ambition de préciser les modalités d’application des Accords de Paris ratifiés en 2015 et de fixer de nouveaux objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Bien sûr, participants, journalistes, et citoyens ont pu, à cette occasion, se plonger dans le rapport du GIEC publié quelques semaines auparavant. Celui-ci, comme les précédents, implorait les gouvernements de réagir vite et fort pour sauver la planète et éviter une catastrophe climatique « dans le cadre du développement durable et de l’éradication de la pauvreté » (sic).
Eco-responsables et climato-sceptiques campent sur leurs positions
Le traitement politico-médiatique de cette conférence confirme la bipolarisation des débats.
D’un côté, le camp des éco-responsables relaie les inquiétudes du GIEC et s’inquiète de la montée du niveau des mers, des phénomènes climatiques extrêmes, et des hausses de température. Pour eux, ces changements doivent être évités à tout prix.
De l’autre, les climato-sceptiques réfutent les effets de l’activité humaine sur le climat, s’appuyant sur les variations de température des millénaires précédents qui représentaient des amplitudes bien plus importantes que la hausse de 3°C que craint le GIEC. Pour eux, limiter l’activité humaine au nom du climat est un non-sens économique et social.
Evolution des températures sur Terre depuis la nuit des temps
Source Wikicommons
Depuis le temps que le sujet revient dans les journaux, les débats parlementaires et les dîners de famille, chacun s’est forgé son avis sur la question et a choisi son camp.
En soi, ce mécanisme est tout à fait naturel. L’instinct clanique est profondément ancré dans notre ADN. OM contre PSG, gauche contre droite, Rolling Stones contre Beatles, forces de l’ordre contre gilets jaunes… dès que deux thèses opposées existent, nous sommes programmés pour choisir une position en fonction de nos habitudes de vie, notre environnement socio-professionnel, et la soutenir mordicus.
Eux contre nous : le mécanisme est vieux comme le monde, et les discussions autour du réchauffement climatique ne font pas exception à la règle.
Si les prises de position plus conditionnées que réfléchies sont normales, pourquoi les déplorer dans le cas de la lutte contre le changement climatique ? Tout simplement parce que le sujet a pris une importance telle qu’il mériterait de donner lieu à un débat public digne de ce nom.
La question qui valait 30 Mds€
Les gouvernements des pays occidentaux ont fait de la protection de la planète un sujet majeur. Il est désormais politiquement inconcevable de ne serait-ce que mentionner le mot croissance sans l’affubler des qualificatifs durable ou responsable. L’énergie, moteur de notre économie, est vile sauf si elle est, bien évidemment, renouvelable.
N’y voyez pas là de simple tics de langage qui servent à regrouper les populations autour d’une cause commune : la priorité donnée à la lutte contre le changement climatique n’est pas qu’une affaire sémantique, elle mobilise chaque année des milliards d’euros à l’échelle de notre pays.
Cette année, la France consacrera 7,3 Mds€ au seul financement du développement des énergies solaires et éoliennes. Peu importe que ces sources d’énergie ne soient pas les plus utiles pour lutter contre les émissions de CO2 dans un pays qui tire déjà la majorité de son électricité de centrales nucléaires : ce montant est dans la continuité de nos dépenses passées.
Tous secteurs confondus, nous dépensons bon an mal an 30 Mds€ par an selon le ministère de l’Action et des comptes Publics. Si la valse des milliards vous donne le tournis et que ces montants ne vous disent plus rien, sachez que ce budget représente les coûts cumulés de la Justice et de la Sécurité intérieure (police, gendarmerie, pompiers et sécurité routière).
Qui finance ces dépenses orientées vers les actions prioritaires soigneusement choisies par nos élus ? Les contribuables, bien sûr.
Ces chiffres, déjà significatifs à l’échelle de l’Hexagone, se retrouvent dans les mêmes ordres de grandeur dans tous les pays occidentaux. La Banque mondiale a annoncé lors de la COP24 débloquer une enveloppe de 200 Mds$ pour lutter contre le changement climatique.
Avec de telles sommes en jeu, vous êtes en droit d’attendre que l’efficacité des politiques menées soit soigneusement évaluée, et que des plans précis et détaillés soient élaborés en vue d’atteindre des objectifs crédibles et chiffrés… Il n’en est rien.
Le mythe du développement durable à l’épreuve des faits
Simone Wapler rapportait il y a peu ces chiffres glaçants : en admettant la thèse du GIEC, dépenser 1 500 Md$ permettrait, dans le meilleur des cas, de gagner -0,17°C à horizon 2100. En d’autres termes, les dépenses seront vaines pour lutter contre le réchauffement climatique.
Pourquoi ce chiffre ne fait-il pas la Une des journaux, aux côtés des photos de malheureux ours blancs perchés sur leurs glaçons en été ?
Tout simplement parce qu’il représente, pour reprendre une expression chère au médiatique éco-responsable Al Gore, une vérité qui dérange. Si les contribuables étaient mis face à cette inadéquation entre moyens mis en œuvre et objectifs revendiqués, ils rechigneraient sans doute à participer à une telle aventure.
Il faut le répéter : la lutte contre le changement climatique n’est pas un plan international bien ficelé, mais un acte de foi. Rappelons quelques faits indiscutables. La chimie est formelle : toute combustion d’énergie fossile dégage du CO2. La physique l’est tout autant : le CO2 est un gaz à effet de serre. Enfin, les 150 années passées montrent que le progrès industriel va de pair avec la consommation d’énergies fossiles. Ce dernier point, bien qu’empirique, n’a jamais été mis en défaut, et mérite donc d’être considéré comme une base de réflexion solide.
Ces trois faits mis bout à bout font voler en éclat le concept même de développement durable. Jamais l’humanité n’a connu de croissance économique sans augmentation de la consommation d’énergie et des émissions de gaz à effet de serre.
Le maintien même de notre niveau de vie (sans même parler de croissance) ne peut se faire qu’au prix d’une consommation constante d’hydrocarbures, c’est-à-dire une augmentation continue de la quantité de CO2 dans l’atmosphère.
Le GIEC lui-même l’admet : pour cesser d’émettre du CO2, et que la température moyenne de la planète se stabilise, il ne faut pas stabiliser notre consommation d’énergie fossile — il faudrait cesser de rejeter la moindre molécule de CO2 dans l’atmosphère.
A défaut, tous les efforts de réduction de la consommation d’énergie ne feraient que décaler dans le temps le passage des différents seuils de réchauffement climatique.
Seul problème : bouger quelques curseurs (taxes, subventions) ou changer quelques comportements à l’impact marginal (déplacement en bus plutôt qu’en voiture, en véhicule électrique plutôt qu’en diesel) ne changera ni les lois de la physique, ni celles de la chimie, ni celles de l’économie. Souhaiter que l’économie mondiale soit totalement dé-carbonée en 2050 est un bel objectif, mais les moyens pour y parvenir sont encore au stade d’idées.
Si nous ne parvenons pas à cesser totalement nos émissions de CO2, nous ne ferons que reporter les problèmes pressentis par le GIEC, rendant les politiques d’inflexion de courbes aussi inutiles qu’elles sont chères.
Dès lors, le débat mériterait de quitter la sphère idéologique pour un peu de pragmatisme.
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