Ce qui fut important, le 6 juin, n’est pas que Trump et Macron se soient congratulés à propose d’un débarquement vieux de 75 ans. Ce qui compte, c’est que, ce jour-là, Xi Jinping et Vladimir Poutine se soient retrouvés au forum économique de Saint-Pétersbourg pour signer de gros contrats, après déjà deux journées de rencontre à Moscou.
Rapprochement entre la Chine et la Russie
La Chine courtise la Russie, non pour ses beaux yeux ou parce qu’elle fut communiste, mais pour la dot qu’elle pourrait apporter dans sa corbeille de mariée : la Sibérie. Le monde libre est en train de commettre l’une des plus grosses erreurs stratégiques de son histoire en assistant, passif, au rapprochement du pays le plus peuplé de la planète, animé par une croissance économique inouïe, et du pays qui dispose du plus vaste espace quasiment inoccupé, mais riche d’un potentiel formidable, particulièrement en cas de réchauffement climatique.
Poutine aurait dû être invité par égard pour un ancien allié : sans les efforts de l’armée soviétique portant sur le dispositif oriental de l’armée nazie, il y aurait eu davantage de troupes allemandes pour s’opposer au débarquement allié, et celui-ci aurait peut-être échoué. Mais il aurait surtout dû être invité parce que l’Europe sans la Russie n’est que l’extrémité d’un ensemble continental qui commence à Vladivostok. Sans la Russie, l’Europe est et sera de plus en plus un nain démographique, économique et politique. Avec la Russie, la Chine aura les moyens de dominer la planète. C’est Xi Jinping qui va peut-être réaliser l’équivalent du plan territorial d’Adolf Hitler, ou plus encore.
L'Union européeenne dépassée
Emmanuel Macron s’est-il rendu compte de cet enjeu ? Je ne sonde ni les reins, ni les cœurs, mais je doute que ce soit le cas. Notre président est un bon tacticien, il l’a démontré en se faisant élire, mais est-il un stratège ? J’ai peur que non, et qu’il n’y ait en Europe occidentale aucun homme ayant à la fois les capacités et l’occasion de se manifester comme tel. L’Union européenne est dépassée avant d’avoir véritablement existé : il faudrait une Eurasie allant de l’Irlande au détroit de Béring, c’est le seul moyen d’équilibrer d’abord la Chine, puis l’Inde, qui est en train de s’éveiller.
Il n’est peut-être pas trop tard, mais quand on voit l’incapacité européenne à trouver une solution pour que le Royaume-Uni reste, de facto sinon de jure, membre de l’Union, il est difficile d’être optimiste.