Davos est la grand-messe du capitalisme de copinage et non la grande kermesse de l’ultra-libéralisme comme on l’entend souvent. A ce forum économique mondial se rencontrent lobbyistes, industriels, financiers, hauts fonctionnaires et politiciens.
C’est là que bien souvent notre vie quotidienne se décide, à notre insu. C’est là que se montrent — quoique partiellement et bien maquillés pour leur numéro de claquette sous les projecteurs — les serviteurs de l’Etat de l’ombre, ce que mes collègues américains appellent le Deep State (un jeu de mots hélas intraduisible).
C’est à Davos que ces technocrates débattent des grands problèmes, imposent leurs grandes solutions, financées avec notre argent. Le thème de 2016 était "la quatrième révolution industrielle", rien de moins. Selon le fondateur de cette kermesse, Klaus Schwab, cette révolution digitale "brouille les lignes entre les sphères physiques, numériques et biologiques". A Davos, on n’hésite pas à tricoter les sphères et les droites !
Le discours d’ouverture nous rappelle que :
– la première révolution était à la vapeur et a permis de mécaniser la production,
– la deuxième était à l’électricité et a permis la production de masse?
– la troisième à l’électronique et a débouché sur les automatisations?
– la quatrième est digitale donc.
Un gros sujet débattu à Davos fut la monnaie digitale liée à l’avancement de la société sans cash.
De Bill Gates (Microsoft), à Blythe Masters (ex. JP Morgan, maintenant Blockchain) en passant par Michel Sapin (ministre de l’Economie), Christine Lagarde (FMI) ou William White (OCDE) tous sont favorables à la société sans cash.
Qui sera le roi ? ?
"Qui sera le roi de ce monde sans cash ?" s’interrogeait le site officiel de Davos.
"La révolution sans cash est en marche. Les gouvernements, les entreprises, les start-ups et les consommateurs peuvent avoir des motivations différentes pour détrôner le cash mais le résultat final sera probablement le même. Mais avec la mondialisation ou ‘gros’ est traditionnellement ‘beau’, ce sont les plus petits acteurs — start-ups, petites entreprises et consommateurs — qui vont en définitive façonner le nouvel ordre mondial. Et pour ceux qui aiment l’innovation et les idées nouvelles ce ne peut être qu’une bonne chose".
Voici un très bel exercice de désinformation. Ceux qui veulent maintenir le cash sont rétrogrades (arriérés). Une société sans cash profite aux "petits" qui la façonneront selon leurs désirs. Visiblement, le gratin de Davos n’a jamais entendu parler des difficultés des "petits" dès qu’ils ont voulu mettre en place une monnaie digitale. Immédiatement, ils sont accusés de couvrir des activités criminelles, terroristes ou de blanchiment. Il serait plus juste de dire que la société sans cash est évidemment une bonne chose pour les invités de Davos.
Une telle société permet de transformer chacun en pantin docile des gouvernements, des banques centrales et des banques commerciales et de quelques grandes entreprises du numérique. Voici un magnifique exercice de capitalisme de copinage : chacune de nos transactions enrichira nécessairement l’un de ces acteurs, point de passage obligé. Pas de révolte possible, sinon, en un clic on vous piquera votre fric.
De toute façon, il faudra en passer par là. C’est le jubilé, dont parle William White de l’OCDE à ce même Davos de 2016, ou le big reset de l’économie mondiale déjà évoqué par Christine Lagarde au Davos de 2014. Il devient nécessaire d’effacer les mauvaises dettes publiques et privées par la force puisque les banques centrales n’arrivent pas à créer d’inflation. A la prochaine crise, il faudra taper directement dans les dépôts bancaires, comme le stipule la Directive de résolution bancaire. Ca tombe bien, avec la société sans cash, il n’y aura pas de fuite possible devant ce super-impôt décrété par l’Etat de l’ombre.
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