Les modifications de deux directives européennes au sujet des biocarburants, visant à en limiter le développement, suscitent de nombreuses réactions.
La Coordination Rurale et l'Organisation des producteurs de grain se félicitent de voir que les politiques ouvrent enfin les yeux sur les effets pervers du développement des biocarburants.
Un bilan carbone mitigé
On a longtemps justifié à tort les biocarburants par leur économie de gaz à effet de serre. Après plusieurs années d'expérience, il apparaît clairement que cet argument ne tient pas.
Sous-évalué dans les premiers dossiers, des études plus finalisées montrent aujourd'hui que le phénomène CASI (Changements Indirects dans l'Affectation des Sols) annule les économies de gaz à effet de serre des biocarburants. En effet, lorsque les terres agricoles européennes sont consacrées à la production de biocarburants, une nouvelle nécessité s'impose : importer les denrées alimentaires qui ne sont plus produites sur place et alourdir par là même le bilan carbone.
Un impact sur l'emploi limité
Les promoteurs des biocarburants défendent leur dossier en s'appuyant sur l'emploi créé par cette filière. Selon eux, elle serait à l'origine de 6 000 nouveaux emplois. Pour la CR et l'OPG, cet argument purement communicationnel par ces temps de disette en matière d'emploi est bien léger.
En effet, parmi ces 6 000 emplois, combien sont vraiment des emplois directs et non des emplois déplacés ? Productions de semences, agriculteurs, transports peuvent-ils être considérés comme propres aux biocarburants ? Certainement pas. Et pour ces 6 000 emplois, quel est le montant des subventions apportées par l'État sous forme de défiscalisation ?
Trop de surfaces concernées
Le biodiesel occupe plus de 50 % des surfaces de colza français ! A ce niveau, la question de la concurrence entre l'alimentaire et l'énergétique se pose réellement. En outre, le monopole d'achat des grains de la trituration, qui décide des prix, devient un vrai handicap pour les agriculteurs.
La CR et l'OPG espèrent que ces nouveaux débats permettront à tous d'y voir plus clair. Elles rappellent que jusqu'à présent, seuls les intérêts des structures agro-industrielles ont été défendus, au mépris de ceux des contribuables qui participent, sans le savoir, au financement de la filière biocarburant (défiscalisation et augmentation de la consommation de ce carburant de moindre valeur énergétique).
A cela s'ajoute un comble, c'est que ce développement des biocarburants s'est fait aussi au mépris de l'intérêt réel et des agriculteurs qui voient leurs productions dévalorisées.