La France officialise le crowdfunding

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Par Joachim Dupont Publié le 21 juin 2014 à 2h30

Après Airbnb dans l'hôtellerie, Uber et Blablacar dans les transports, l'économie collaborative s'attaque à l'industrie des services financiers. Retour sur l'ordonnance promulguée par le gouvernement Valls et qui pourrait réconcilier finance, épargnants et économie réelle.

C'est pour une fois une révolution financière rapide, sans fracas ni grand discours.

Arnaud Montebourg, Ministre du Redressement Productif et plus récemment du Numérique vient de présenter en conseil des ministres l'ordonnance signant l'avènement du crowdfunding (ou financement participatif) en France. Faisant par la même occasion de la France le premier pays à reconnaître officiellement cette nouvelle industrie qui représentait plus de 5 milliards de dollars de collecte au niveau mondial en 2013.

Si en France le marché est encore limité du fait d'une réglementation inadaptée, ce dernier pourrait présenter plus de 6 milliards dans les prochaines années.

La France, plutôt connue jusque là dans le milieu financier pour les exploits de ses compatriotes (Jérome Kerviel et Fabrice Tourre en tête), devient le premier pays au monde à faire le pari d'une autre finance. Une finnace moins intermédiée, plus transparente et plus ancrée vers les entrepreneurs.

Que dit la nouvelle loi ?

Désormais, les épargnants pourront prêter ou investir leur argent dans les PME de leur choix.

1. Création d'un statut à part entière pour les plateformes d'investissement et de prêt.

Au même titre que les sociétés de gestion ou les établissements de crédits, les plateformes de crowfunding disposeront de leur propre statut.
Conseiller en Investissement Participatif (CIP) pour les plateformes d'investissement en actions et Intermédiaire en Investissement Participatif (IFP) pour les plateformes de prêts.

2. Pour les PME, c'est désormais la possibilité de recueillir jusqu'à un million d'euros auprès d'une très large communauté d'investisseurs (contre 100 000 euros auparavant).

3. Enfin pour l'épargnant, c'est la garantie d'un cadre d'investissement sécurisé et d'une information exhaustive dans le cadre des investissements effectués. Les prêts seront limités à 1000 euros par personne et par projet, aucune limite ne s'applique toutefois en cas d'investissement au capital d'entreprises. Chaque investisseur fera l'objet d'un accompagnement par la plateforme au travers d'une mission de conseil.

Désormais, les décrets d'application devraient être votés au mois de juillet.

Vers une finance sans intermédiaire ?

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" Mon banquier c'est moi ", n'est plus qu'un simple discours de publicitaire. A l'heure où les Français tournent la page de l'épisode Kerviel, le symbole est fort.

La révolution numérique a vu le jour dans les services financiers il y a plusieurs années, voyant émerger des pure players. Boursorama, Binck, autant de banques misant sur le numérique pour concurrencer les acteurs historiques grâce à des prix plus compétitifs et finalement plus en adéquation avec les attentes des épargnants.

Mais aujourd'hui, c'est une demande pour plus de transparence, pour de nouvelles expériences d'investissement et pour le financement des PME de demain qui pousse un nombre croissant de français vers le crowdfunding.

D'après la dernière étude réalisée par l'association Financement Participatif France et Compinnov, 1% des Français ont déjà contribué à une campagne de financement participatif. La finance participative vient donc remettre en question la finance intermédiée telle qu'elle est structurée depuis des décennies.

Potentiel : 2,2 milliards d'euros.

Les chiffres sont éloquents, l'épargne gérée par des intermédiaires financiers représente plus de 4 200 milliards d'euros. Le taux d'épargne en France est parmi les plus élevés d'Europe et chaque année ce sont plus de 223 milliards d'euros qui sont épargnés par les ménages. Mais malgré une forte volonté des Français de soutenir les PME, seule 0,58% de l'épargne est alloué au financement des TPE et PME.

Ceci explique notamment le fait qu'en 2012, ce sont 3,1% des entreprises innovantes sont parvenues à trouver des capitaux. Le pari des acteurs de cette nouvelle industrie, allouer à travers le crowdfunding chaque année 1% de l'épargne des français vers l'investissement en direct dans PME, soit 2,2 milliards d'euros.

Plus que jamais, la France a besoin de ses entrepreneurs, soutenons-les !

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