On en connaît plus sur le coronavirus et ses conséquences sanitaires… mais au point de vue économique, ça reste l’enfumage général : tentons d’y voir plus clair.
Les conséquences sanitaires immédiates comme futures de l’épidémie de coronavirus sont désormais bien connues.
Nous savons avec une précision remarquable combien de décès imputer au nouveau virus cette année. Nous pouvons également estimer le coût humain d’une stratégie d’immunité collective, ainsi que l’effet sur le système hospitalier de l’afflux de malades en réanimation.
Depuis quelques semaines, le corps médical et les médias prennent conscience des inévitables conséquences néfastes de la politique de lutte « à tout prix » contre le virus.
En ne pouvant plus nier les effets délétères sur la santé publique des mesures anti-Covid 19, les décideurs doivent désormais – et c’est une excellente chose – procéder au calcul coût/bénéfice qui était resté cruellement absent du débat public au printemps.
Si le discours sanitaire est progressivement devenu plus factuel et rationnel, force est de constater que, sur le plan économique, c’est encore le principe de l’enfumage qui règne. Certes, la presse spécialisée a fini par relayer l’ampleur de la crise économique causée par les mesures prises pour lutter contre le Covid-19.
Pour autant, les chiffres distillés dans les médias grand public sont un mélange de pudeur, d’amalgames douteux et d’optimisme qui frôle la désinformation.
Mais quelles sont les vraies conséquences ?
Je vous propose aujourd’hui de faire le point sur le coût réel de la crise pour notre société, et de regarder de plus près les perspectives de croissance sur lesquelles s’appuient nos dirigeants.
Quand l’Etat paye, nous payons
Commençons ce tour d’horizon par une piqûre de rappel. En France, l’Etat a joué le rôle d’amortisseur principal de la crise.
En prenant à sa charge la quasi-totalité des salaires des employés en chômage partiel ; en accordant des délais de paiement de cotisations sociales aux entreprises ; en garantissant des prêts bancaires tous azimuts, le choc économique a été transféré à la sphère publique.
Depuis le mois de mars, la France s’est engagée sur plus de 500 Mds€ qu’elle ne possédait pas, dont près de 418 Mds€ pourraient être dépensés d’ici la fin 2021 selon l’INSEE. Pour régler l’addition, Bercy recourt comme à son habitude à l’endettement sur les marchés financiers.
Ce n’est pourtant pas le marché libre des emprunts d’Etat ni même celui, naissant, des eurobonds qui a permis de confronter l’offre et la demande. Faute d’acquéreurs, c’est la BCE qui a joué le rôle de prêteur de dernier recours. Elle a amassé à tour de bras cette nouvelle dette publique, faisant au passage exploser son bilan.
Comme le rappelait Nicolas Perrin il y a quelques jours, elle a dû racheter près de 95% de la dette émise en Europe durant la crise. Autant dire que cette dépense publique n’a pas été financée par les épargnants étrangers mais bien par les contribuables de la Zone euro qui voient, une fois de plus, la planche à billet tourner pour combler les déficits.
Nous pouvons désormais répondre à la fameuse question « qui payera ? ».
Nous attirions dès le printemps votre attention sur le fait que le confinement aurait un coût qui serait soit payé par la confiscation de la richesse des contribuables (impôts, spoliation d’épargne), soit par tous les citoyens en érodant la valeur de la monnaie.
C’est finalement la seconde option qui a été retenue. Tel un empereur romain impécunieux qui rognerait la tranche des pièces d’or en circulation pour en diminuer le poids, la BCE augmente subrepticement son bilan pour éviter aux Etats de lever d’impopulaires impôts.
Bruno le Maire pérorait fièrement, en septembre, sur le fait que ces dépenses seraient rapidement absorbées par un imminent rebond du PIB. Comme le plan de relance de 2008, celui de 2020 devrait miraculeusement se transformer en bonne affaire pour l’Etat.