Au tout début de la crise sanitaire, le gouvernement voyait le verre à moitié plein et était optimiste. Il s’est ensuite tourné du côté du pessimisme après s’être rendu compte que le verre était plutôt à moitié vide. Mais, désormais, le gouvernement est fataliste : le verre est vide. La troisième loi de finances rectificative prévoit en effet la pire contraction du PIB jamais vue en temps de paix.
Les estimations de Bercy passent de -1% à… -11% en trois mois
C’était le 17 mars 2020 : les Français venaient de se confiner pour ce qu’ils pensaient être 15 jours de vacances forcées. Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, était alors l’invité de RTL et déclarait, inquiet, mais pas trop, que la récession était bien là et, surtout, que la France allait connaître une croissance négative en 2020 : -1%. Compliqué, mais rien de dramatique : c’est d’ailleurs l’estimation annoncée dans la première loi de finances rectificatives.
À la mi-mai 2020, la Commission européenne donne ses prévisions : -8,2% de croissance pour la France en 2020. Le gouvernement refait lui aussi ses calculs et, s’il reste légèrement plus optimiste que la Commission européenne, se plie à l’évidence : l’estimation officielle de Bercy est désormais de -8% de croissance en 2020, estimation gravée dans le marbre de la deuxième loi de finances rectificative.
Quelques semaines plus tard, le gouvernement n’y croit plus : mercredi 3 juin 2020, la troisième loi de finances rectificative est présentée en conseil des ministres avec une estimation de croissance inédite. Le ministère de l’Économie prévoit une chute du PIB de 11% pour la France en 2020.
Explosion de la dette et du déficit
Bruno Le Maire, mardi 2 juin 2020, était de nouveau l’invité de RTL où il n’a pas mâché ses mots : « Cela veut dire tout simplement que le choc économique est extrêmement brutal ». Le gouvernement va donc continuer de déployer des mesures de relance, les plans se succédant depuis des semaines : automobile, tourisme, transports, industrie…
Forcément, le déficit du pays va exploser. Aucune donnée révisée n’a été donnée par le ministre de l’Économie, mais les dernières, datant d’avril 2020, estimaient que fin 2020 le déficit public allait dépasser les 9% et que la dette pourrait atteindre 115% du PIB.