François Hollande et Angela Merkel ne sont d’accord que sur un point : il faut réduire les déficits tout en n’étouffant pas la croissance. Or, les solutions pour atteindre cet objectif sont bien différentes.
Pour Monsieur Hollande, il est nécessaire de faire un peu de dette utile qui permettrait de financer de grands projets. Il faudrait donc pour cela ajouter un volet croissance au pacte de stabilité budgétaire. Par ailleurs, il faudrait, pour surmonter la crise de la dette et assouplir les politiques de rigueur, mettre en place un système d’Eurobonds qui mutualiserait la dette entre les pays de la zone euro.
Il a donc une vision opposée à celle de Madame Merkel qui veut continuer à imposer la rigueur, bien que celle-ci ait démontré son inefficacité depuis des mois, en réformant le marché du travail, autrement dit en tirant le coût du travail vers le bas. Cette politique n’est que l’application d’un dogme purement libéral selon lequel il faut relancer l’offre. Il est vrai que ce dogme a apparemment démontré son efficacité pour l’Allemagne qui a un taux de chômage moins élevé que la moyenne européenne mais à quel prix et pour quelle efficacité réelle ? On peut finalement s’interroger.
En effet, Madame Merkel oublie de rappeler que le succès qu’elle met en avant eu égard au taux de chômage a eu des effets dévastateurs, tant pour son pays que pour ses pays européens voisins puisque le coût du travail et donc le niveau de vie des allemands est plus que bas ce qui a permis à ce pays de tirer son épingle du jeu durant la crise, au détriment de ces voisins Européens, en boostant ses exportations, les coûts de ces dernières étant meilleur marché.
Dès lors ce modèle est-il viable ? On peut s’interroger, tant pour l’Allemagne elle-même que pour l’Europe. En effet, selon des études de conjoncture outre-Rhin, les investisseurs allemands perdent aujourd’hui le moral. Ceci n’a pourtant rien d’étonnant : A force de vouloir relancer la croissance par l’offre sans qu’il n’y ait plus de demande en face, comment ce modèle artificiel peut-il durer ? Et surtout, quid d’une Europe dans laquelle un pays tire de manière discutable sa croissance vers le haut et ses chiffres du chômage vers le bas au détriment de ses pays voisins ?
Un modèle qui a des limites
Le modèle libéral que met en avant Madame Merkel montre bien ses limites et c’est pourquoi la recette Hollande semble bien plus judicieuse. Faire de la dette utile, c’est-à-dire relancer les investissements et l’emploi permettent nécessairement de faire rentrer des cotisations dans les caisses des Etats mais également de relancer la consommation, soit la fameuse demande qui pourra répondre à l’offre des entreprises tout en permettant peut-être enfin à tout un chacun de retrouver des niveaux de salaires et de vie beaucoup plus convenables.
Tout est donc question d’idéologie et gageons que l’Allemagne soit en mesure de tirer toutes conséquences de ses faux succès qui sont en réalité des échecs, pour qu’un nouveau modèle puisse être mis en œuvre en Europe en vue atteindre le seul objectif commun qui relie la France, l’Allemagne et bien d’autres pays encore, à savoir relancer la croissance.