Croissance, emploi : Quand la télé nous montre que nous sommes complètement à côté de la plaque

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Par Daniel Moinier Modifié le 5 novembre 2014 à 9h40

Mardi soir si vous avez ouvert France 2, vous regardiez l’émission sur la fabrication des portables. Si vous avez changé de chaîne, vous êtes « tombés » sur L’histoire au quotidien. (Comparaison de vie entre deux époques) Et si vous êtes passés sur Arte : C’était une émission sur la croissance ou la rigueur.

Ces trois émissions reflètent toutes les contradictions humaines et économiques de notre société française actuelle. Prenons le marché des téléphones, le lieu et la façon de les fabriquer. Nous nous trouvons principalement en Chine. C’est l’horreur puisque des « enfants » de 13 ans travaillent des journées entières sur des chaînes de fabrication, montage, assemblage, emballage… Sur M6, nous voyons des familles de paysans dont les enfants travaillent dès que possible, puisque la scolarité n’existe pas. Personne ne s’émeut puisque c’est la tradition. La famille idéale c’est d’avoir au minimum quatre enfants pour avoir le plus de bras disponibles. Horreur et désastre à ceux qui ne peuvent en avoir.

Nous voudrions que les pays émergents soient au même niveau de normes, de lois que nos pays. Sommes-nous mieux et plus heureux actuellement que nos parents, grands-parents : pas sûr ! Ces pays sont en pleine mutation, évolution. Alors qu’il y a plusieurs années, nous rachetions des entreprises aux pays émergents, (pendant que l’on vient les émoustiller sur les conditions de travail) ce sont eux qui viennent nous narguer en rachetant les nôtres avec un processus qui s’accélère. Notre France, se déliquéfie ; C’est, aujourd’hui, au tour de BN (Biscuiterie Nantaise) de passer sous drapeau Turc.

Sur quels critères et de quel droit pouvons-nous les juger ? Nous avons un taux de chômage impressionnant, ils n’en ont pas. Chez nous, les jeunes sans emploi sont légions, chez eux c’est le plein emploi, y compris pour des très jeunes. Nous avons un niveau de pauvreté qui augmente, eux c’est le contraire, il diminue. Traquer les entrepreneurs pour découvrir s’ils emploient des moins de 16 ans, c’est s’appuyer sur une législation bien à nous. Savez-vous que dans les années 50, les élèves en France pouvaient rentrer en sixième technique ? Ils travaillaient déjà le fer, le bois, puis vers 14 ans se trouvaient sur des machines ; tours, fraiseuses, étaux limeur, forges, fonderie, etc… La plus grave erreur, c’est d’avoir supprimé cette possibilité de démarrer jeune dans ces ENP (Ecoles Nationales Professionnelles). Il n’est pour ainsi dire plus possible, en France, de rentrer dans le monde du travail avant 18 ans. Aujourd’hui, la moyenne de démarrage dans l'emploi se situe aux alentours de 23 ans ½. Les Allemands rentrent dans la vie active beaucoup plus tôt que chez nous puisqu’ils ont 1,6 million d’apprentis alors que nous n'en avons à peine 600.000. Ce qui leur donne un taux de chômage de 5,5 % alors qu’en France, il avoisine les 25 %.

Avant le 9 août 1936, l’école se terminait à 13 ans, mais beaucoup de jeunes garçons travaillaient déjà souvent avant, 12 ans, voire même 11ans. Alors laissons ces pays émergents avancer à leur rythme et mettre en place au fur et à mesure les lois qui régiront ce que nous appelons le sociétal ou même la RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises). Avec tout ces carcans, où en sommes-nous aujourd’hui ? Je ne dis pas qu’il faut revenir 50 ans en arrière, mais nous devrions rester dans le raisonnable et l’acceptable pour préserver les emplois et même les stimuler au lieu de les contraindre. La loi sur la pénibilité achèvera d’enfoncer encore plus les très mauvaises marges des entreprises.

Le même problème se pose pour presque tous les pays d’Afrique. Nos télévisions n’ayant plus assez de sujets brûlants, il faut bien qu’ils trouvent des reportages de ce genre. Il est dommage que cela influence négativement le public en le poussant à s’apitoyer sur une vision négative, en comparant des mondes différents.

Sur Arte, c’était la confrontation entre deux systèmes de gestion et de pensée appliqués au budget de l’Etat. Les uns veulent augmenter les dépenses pour relancer la croissance et distribuer, les autres à l’inverse veulent de la rigueur, diminuer les dépenses de l’état, revenir à l’équilibre. Mais aucun des deux n'est dans le vrai. Tout est analysé comme si nous étions en 1975, date du premier déficit, revenons sur Terre, nous venons de dépasser les 2000 Mds de dettes.

De suite, ce n’est pas une relance par injection d’emprunts qu’il nous faut, pour le CICE, le Pacte de Responsabilité,… ni de rigueur immédiate qui va plomber la croissance ; ce qu'il faut, c’est augmenter la richesse par le bas. C’est donc du pouvoir d’achat immédiat, des charges, des taxes qui rentrent en plus. Ces dernières ne ralentiront pas la croissance, au contraire, c’est la relance assurée, la réduction rapide des déficits des Caisses Sécurité Sociale, de retraites, d’Assedic, celui de l’état.

COMMENT AUGMENTER DE SUITE LA RICHESSE PAR LE BAS ? En augmentant immédiatement les temps de travail et d’activité. Seule solution viable.

www.livres-daniel-moinier.com

Crédit Photo : paul prescott / Shutterstock.com

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Daniel Moinier a travaillé 11 années chez Pechiney International, 16 années en recrutement chez BIS en France et Belgique, puis 28 ans comme chasseur de têtes, dont 17 années à son compte, au sein de son Cabinet D.M.C. Il est aussi l'auteur de six ouvrages, dont "En finir avec ce chômage", "La Crise, une Chance pour la Croissance et le Pouvoir d'achat", "L'Europe et surtout la France, malades de leurs "Vieux"". Et le dernier “Pourquoi la France est en déficit depuis 1975, Analyse-Solutions” chez Edilivre.

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