La compétitivité aujourd’hui, et la confiance demain

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Par Geoffroy Roux de Bezieux Modifié le 30 octobre 2012 à 8h27

Le débat sur la compétivité, ouvert il y a quelques mois par le MEDEF, semble maintenant se focaliser sur l’opposition entre la compétivité des coûts et la compétivité hors coûts. Comme si les deux éléments n’étaient pas intimement reliés : c’est parce que nos entreprises souffrent d’un côut du travail plus élevé que leurs principaux concurrents que leurs marges sont plus faibles, et c’est parce que leurs marges sont plus faibles que leur capacité d’investissement et d’innovation est inférieure.

Il faut se rendre à une évidence : Le retour de la croissance passe par un double choc de compétivité et de confiance. Le choc de compétitivité, c’est à la fois la mise en place d’une flexibilité des organisations dans les entreprises et le système de « double hélice », fléchant le transfert de cotisations sociales vers la CSG d’une part, et la TVA d’autre part à hauteur de 50 Mds d’euros. Ce double choc reste indispensable pour retrouver de la compétitivité et créer des emplois. De même, la mise en place d’une politique réelle de réduction des dépenses publiques reste à faire.

A cette demande, on oppose souvent le risque d’aggraver la récession en ralentissant la consommation. On peut comprendre le souci du politique de préserver le pouvoir d’achat, mais c’est une préoccupation qui ne peut relever d’une politique court-termiste. Que disent les chiffres : de 1999 à 2008, la demande intérieure a progressé de prés de 40% et a tiré la croissance. Mais dans le même temps la production manufacturière n’a progressé que de 5% ! Sur la même periode les importations ont explosé de plus de 50%.

C’est pour cela que sur les 25 produits de grande consommation les plus vendus à la rentrée 2012, aucun n’était fabriqué en Europe. La conclusion est claire : préserver la demande pour ne pas pénaliser la croissance aboutit au bout de quelques années au résultat inverse. Mais ce choc de compétitivité doit s’accompagner d’un choc de confiance, justement sur la compétivité hors coûts. Car la baisse du coût du travail ne relancera la croissance que si les entrepreneurs de ce pays retrouvent la confiance tant il est vrai que c’est le ressort de l’économie de marché. Or, la Banque Mondiale, qui vient de publier son classement « doing business 2013 » sur la facilité d’exploiter une entreprise dans 185 pays, nous y classe à la 34éme place !


Pour rétablir la confiance, le gouvernement peut acter des décisions à coût nul qui relèvent de sa propre volonté permettant d’ouvrir des perspectives de compétitivité et démontrant ainsi une attitude pro-entreprises. Il peut acter trois grands principes : la fin du principe de précaution, la mise sous tension de l’interface administrations/Etat et le droit à la non-ingérence de l’Etat dans la vie des entreprises.

Le principe de précaution inscrit dans la Constitution depuis plusieurs années commence à laisser des traces sérieuses dans la vie économique, que ce soit dans le ralentissement des projets, l’interdiction de lancement de nouvelles activités existant partout dans le monde ou encore le renchérissement des coûts d’exploitation des entreprises. Le sujet le plus emblématique est aujourd’hui l’énergie, avec l’interdiction de rechercher et de forer des gaz non conventionnels et le coup de poignard sur notre industrie nucléaire.

L’hyper-réglementation est devenue un handicap très sérieux, qui ralentit la capacité des entreprises à réagir, à se développer et qui pénalise au quotidien les comptes d’exploitation. Indépendamment de la mise en place des adaptations de son organisation et des réductions de coûts ou d’effectifs, L’Etat et les collectivités territoriales peuvent et doivent montrer l’exemple en matière de compétitivité de son offre de services aux entreprises. Il faut engager un chantier de réduction drastique de l’interface administrative pour les entreprises ; le gouvernement peut mettre en place un principe simple : l’interdiction pour l’administration d’opposer pour une même problématique plusieurs interlocuteurs, que ce soit au niveau national et au niveau local.

Enfin, la non-ingérence de l’Etat dans la vie des affaires s’exprime par une confiance réelle aux partenaires sociaux et consiste à rendre aux entreprises certaines missions que l’Etat s’est accaparé au fil des années. Par exemple, on peut s’interroger sur l’existence d’un ministère et d’une administration du commerce extérieur alors que les entreprises sont les plus en capacité à définir et implémenter des actions de conseil et d’entraide. Au-delà d’un souci d’efficacité, il s’agit d’envoyer un signal de confiance et de responsabilisation de la communauté des entreprises pour dynamiser nos ventes à l’export.

On ne peut regretter que le débat politique ai opposé compétitivité coût et hors coût car la réalité des entreprises et l’énergie des entrepreneurs vaut bien plus et bien mieux que cela.

Tribune publiée initialement dans le Figaro du 27 octobre 2012 et reproduite ici avec l'autorisation expresse de l'auteur

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Geoffroy Roux de Bézieux est un créateur d'entreprise récidiviste, fondateur de The Phone House, puis de Virgin Mobile avec près de  3 000 emplois à son actif. Il est également cofondateur de CroissancePlus  (dont il a été président) et accompagne comme business angel  de jeunes entreprises. Actuellement à la tête de Omea Télécom (qui contrôle Virgin Mobile) Il a aussi été président de l'Unédic. Membre de la Commission pour la libération de la croissance française, dite Commission Attali en 2008, Geoffroy Roux de Bezieux est l'auteur de plusieurs ouvrages, dont  Pour sortir de la crise : le capitalisme.

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