Le sommet européen de ces 13 et 14 décembre et l'accord trouvé concernant l'Union Bancaire aurait du rassurer. Mais la crise, entamée en 2009, et dont François Hollande martèle qu'elle est désormais "derrière nous", a profondément marqué les Français. Pire, d'après le sondage Tilder/LCI/OpinionWay de ce jeudi 13 décembre, 80 % des Français pensent que l'essentiel de la crise financière de la zone euro est à venir. Une crise de confiance qui n'augure rien de bon pour la reprise de la consommation.
De plus, cette semaine, la Ministre de l’écologie Delphine Batho a fixé l’objectif de créer 100.000 emplois en trois ans dans l’économie verte, et singulièrement dans le secteur énergétique…Les Français ne sont visiblement pas convaincus… Ainsi, 62 % d'entre eux jugent que cet objectif n'est "pas crédible".
La transition énergétique est l’un des axes principaux de la communication du gouvernement. C’est autour de cette idée notamment que l’exécutif compte asseoir un « nouveau modèle français » : c’est son discours sur l’avenir. Or, ces résultats montrent qu’il n’y a pas de « retour sur investissement » politique, fédérateur au-delà des clivages alors que c’est un projet pour la société. Majoritairement, les Français ne croient pas pour l’instant en la réalité économique de la croissance verte.
Le gouvernement doit donc dépasser d’urgence la communication pour structurer une conviction. Sans juger des résultats, Nicolas Sarkozy en son temps avait en tout cas conçu une stratégie pour convaincre : avec un marqueur, le Grenelle de l’environnement ; une méthode, la concertation ouverte ; et une tête de pont, Jean-Louis Borloo. Pour l’instant, il n’y a pas de marqueur, les sujets sont éparpillés – de l’énergie jusqu’au logement en passant par les gaz de schiste -, et il n’y pas de leader : on passe de François Hollande à Delphine Batho et de Jean-Marc Ayrault à Cécile Duflot. Le gouvernement doit donc d’urgence structurer sa communication sur l’environnement.
Au lendemain d’un Conseil européen des Ministres des Finances qui a permis un accord sur l’union bancaire, et quelques jours après une nouvelle déclaration d’optimisme de François Hollande sur la fin de la crise de la zone euro, les Français sont à contre-courant du gouvernement : ils jugent que les problèmes ne sont pas réglés…
Le grand écart entre le gouvernement et l’opinion montre bien que les Français sont durablement installés dans une défiance à l’égard du politique. Cela montre aussi que le compte-rendu quotidien et par définition négatif de la crise économique emporte tout sur son passage et même les bonnes nouvelles qui viennent de la planète finance.
La crise de l’économie réelle, qui est visible et concrète, occulte le sauvetage de la zone euro, qui est abstrait et lointain. Même si ce sondage a été réalisé quasiment en même temps que se nouait l’accord de Bruxelles et que donc l’effet dans l’opinion va peut-être se faire sentir en décalé, cela montre tout de même que François Hollande n’est pas suivi dans son optimisme. À deux reprises et notamment ce lundi, le Président de la République a évoqué une crise de la zone euro « derrière nous ». Les Français, j’en suis sûr, ne demandent qu’à en être convaincus…