Le marché du porc : un problème politique européen !

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Par Jacques Martineau Publié le 13 août 2015 à 5h33
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1,40 EUROle prix d'achat du porc a été fixé par le gouvernement à 1,40 euro le kilo.

Depuis début août, la tension n’a cessé de monter entre éleveurs et industriels de la transformation. Ce conflit s’est accentué en Bretagne. Deux gros clients, Cooperl et Bigard-Socopa, leaders français de la viande, ont été absents le 13 août dernier du marché de cotation de Plérin (référence nationale pour le cours du porc). Ils représentent à eux deux, plus de 30% du marché. Rappelons que le prix d’achat du porc avait été fixé par le gouvernement à 1,40 euro le kilo, à la mi-juin. Seul objectif reconnu que le prix de vente ne soit pas inférieur au prix de revient pour les éleveurs.

La concurrence étrangère sur le marché national et européen est très importante et le prix d’achat à l’international se situe autour de 1,15 euro le kilo. Soit une différence de 0,25 euro par kilo, somme considérée comme insupportable par nos gros transformateurs, même si trois grands distributeurs, Casino, Intermarché et Leclerc ont apporté leur soutien aux éleveurs français. Le gouvernement propose une table ronde avant la fin du mois pour tenter de résoudre le problème en sortant de cette impasse.

Les raisons profondes de cette crise

L’approche productiviste qui s’est développée en particulier en Espagne et en Allemagne. La quantité est privilégiée par rapport à la qualité et l’hygiène. Les élevages sont industriels à très grande échelle, avec un travail continu. L’embargo sanitaire russe sur la viande de porc qui limite le marché européen, influencé par le conflit armé en Ukraine. Rajoutons à cela deux points factuels : la baisse de la consommation et l’augmentation de la production.

Le coût du travail est un des principaux paramètres déterminants de cette crise. Il pèse sur le prix de revient. Ce coût de la main d’oeuvre encourage l’emploi délocalisé en provenance des pays de l’Est. C’est l’usage de ces travailleurs détachés, dumping social qui ne fait qu’accentuer le malaise existant.

La réalité du dumping social en Allemagne

Nullement contrainte par aucune obligation de salaire « minimum » généralisé dans ce secteur, l’Allemagne n’a pas hésité à trouver la faille et à se joindre au peloton des « profiteurs », avec des salaires des plus contestables ! Ce sont des flux de plusieurs centaines de milliers d’individus qui sont concernés. Non soumise à des obligations particulières contractuelles en terme de salaires, l’économie allemande est gagnante sur le plan concurrentiel. La compétitivité est mise en avant, comme le résultat d’une politique de rigueur et d’austérité. En regardant de plus près, à titre d’exemple en Allemagne, une très grande entreprise danoise, spécialisée dans le conditionnement de porc importé, emploie une main d’œuvre roumaine et polonaise peu qualifiée. Avec un rythme de 10 heures par jour, 6 jours par semaine, 12.000 découpes par jour (le même geste), ces employés sont payés entre 4 et 5 euros de l’heure ! Qui dit mieux ? En France, la fronde agroalimentaire s’étend aujourd’hui en Bretagne et au niveau national. Les éleveurs et leurs représentants se battent contre ce dumping social destructeur d’emplois ! Qui paie ? Le gouvernement, autrement dit les contribuables français. S’agit-il d’un dumping social illégal ? A priori, officiellement non !

En conclusion, ne nous trompons pas d’interlocuteurs !

Les appels d’offres publics sont ouverts à tous les pays avec des conditions concurrentielles faussées.

C’est un outil malin de concurrence déloyale, consenti et encouragé, « à la limite » de la légalité, qui le favorise ! Cette pratique permanente reste conforme à l’esprit de « libre » concurrence acceptée par la Commission de Bruxelles. Le mal se développe et nuit de plus en plus à l’équilibre du commerce extérieur des états membres agricoles. De toutes manières, la référence à l’Allemagne est mal venue. Elle n’est ni la zone euro, ni l’UE et encore moins la France. Il faudra s’en souvenir lors des négociations pour le TTIP (TAFTA) avec les Etats-Unis. Chacun aura compris que ce n’est pas au niveau national, table ronde ou pas au ministère de l’Agriculture, que le problème pourra se résoudre. Cela se passe d’autres commentaires…

Club Espace 21 : https://www.clubespace21.fr

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Après un long parcours scientifique, en France et outre-Atlantique, Jacques Martineau occupe de multiples responsabilités opérationnelles au CEA/DAM. Il devient DRH dans un grand groupe informatique pendant 3 ans, avant de prendre ensuite la tête d'un organisme important de rapprochement recherche-entreprise en liaison avec le CNRS, le CEA et des grands groupes du secteur privé. Fondateur du Club Espace 21, il s'est intéressé aux problèmes de l'emploi avec différents entrepreneurs, industriels, syndicalistes et hommes politiques au plus haut niveau sur la libération de l'accès à l'activité pour tous. Il reçoit les insignes de chevalier de l'Ordre National du Mérite et pour l'ensemble de sa carrière, le ministère de la recherche le fera chevalier de la Légion d'Honneur.

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