Les marchés actions ont du mal à se remettre – et désormais, l’économie elle-même donne des signes de faiblesse. Que se passera-t-il si les choses empirent encore ?
Après une chute de 1 000 points mardi… les actions devaient rebondir – sans quoi, déclarent les vétérans, ce serait mauvais signe.
En l’occurrence, elles ont brièvement regagné du terrain… avant de reprendre leur dégringolade, nourrie par les craintes sur le coronavirus.
Les mauvaises nouvelles ne s’arrêtent pas là. Le prix du pétrole est passé sous les 50 $. Et selon MarketWatch :
« Le rendement du bon du Trésor US à 10 ans (BX:TMUBMUSD10Y) a chuté de 4,5 points de base, atteignant 1,332% [mardi]. La maturité longue est très observée par les économistes et les investisseurs, dans la mesure où elle sert de baromètre plus large pour la croissance économique et les attentes d’inflation. »
Le rally obligataire et le déclin pétrolier suggèrent plus que des ventes paniques sur les marchés. Ils nous disent que l’économie est elle aussi dans le pétrin.
Krach pour cause de virus
Hier, nous avons parlé des qualités utiles de l’expression « on dirait ». On peut utiliser « être » en matière de sciences… mais « on dirait », c’est tout ce que l’on a pour les autres domaines de l’existence.
Est-ce qu’on dirait le krach caché des années 1970 ? Le Dow avait commencé la décennie à 800 points et l’a terminée à peu près au même niveau. Mais dans le même temps, l’or avait été multiplié par 40, de sorte que la valeur réelle des actions avait en fait baissé de plus de 90%.
Est-ce qu’on dirait le krach de 1987, lorsque le Dow a perdu 22% de sa valeur en une seule journée ?
Il y a aussi eu le krach des dot.coms en 2000… et le krach de la finance hypothécaire en 2008. Est-ce qu’on dirait l’un de ces deux cas ?
Personne n’a jamais vraiment vu de krach causé par un virus. En parlant de cela, d’ailleurs, à quoi ressemble-t-il exactement ?
De ce que nous pouvons en dire, le virus lui-même ne semble pas particulièrement dangereux. Comme d’autres formes de grippes hivernales, les gens l’attrappent… et certains meurent. Mais ils ne sont pas nombreux. Le site LiveScience rapporte :
« A ce jour, la plupart des patients ayant succombé à l’infection étaient âgés de plus de 60 ans et présentaient des problèmes médicaux préexistants. »
A une autre époque, cela aurait été une bonne nouvelle pour les pompes funèbres – mais à part ça, cela n’aurait probablement eu que peu d’effets économiques. Nous nous rappelons encore la grippe de Hong Kong. Elle a parcouru les Etats-Unis à l’hiver 1968-1969. On estime que six millions de personnes ont attrapé le virus – dont votre correspondant. Quelque 33 000 patients sont morts.
En dépit de la fièvre et des nez bouchés, cela n’a pas beaucoup atteint l’économie. Aux Etats-Unis, le PIB a augmenté de 3% en 1969, dépassant les 1 000 Mds$ pour la première fois. Et le pays a envoyé un homme sur la Lune cette année-là.
Le marché boursier, par contraste, a chuté de 18% – ce qui n’avait probablement pas de lien avec le virus. Les actions grimpaient depuis la Deuxième guerre mondiale et avaient atteint un sommet en 1968. Il s’avéra que la baisse signalait le début d’un marché baissier qui dura jusqu’en 1980.
L’épisode actuel ressemblera-t-il à celui-là ? Le contexte est important. Nous avons connu 1969 – et 2020 n’a rien à voir.
Un système complètement déformé
Une grande différence : l’économie tout entière et ses marchés financiers ont été déformés par la fausse monnaie. L’industrie financière était encore relativement limitée en 1969. Les actifs financiers représentaient encore environ deux fois le PIB, comme c’était le cas depuis des décennies. Aujourd’hui, ils sont à cinq fois le PIB.
Le salarié moyen pouvait encore acheter le S&P 500 avec 20 heures de travail, au lieu de plus de 100 comme aujourd’hui. La dette fédérale se montait à 353 Mds$ et non 23 000 Mds$. Le rendement du bon du Trésor US à 10 ans était de 6% et non 1,36%. Enfin, en 1969, le gouvernement américain enregistrait un surplus de 3 Mds$… au lieu d’un déficit de 1 000 Mds$.
L’édifice tout entier est bien plus fragile aujourd’hui.
Par ailleurs, aujourd’hui, la moindre tempête de neige est un événement médiatique. Le premier rancunier venu est « un terroriste ». Et un nouveau virus est l’occasion, pour les autorités, de faire une petite démonstration de force.
A lui seul, le virus pourrait ne guère causer de mal à l’économie… mais personne ne veut mourir : que se passera-t-il quand les autorités prendront les choses en main ?
Jusqu’à présent, on ne compte que 60 cas aux Etats-Unis, tous soigneusement surveillés. Imaginez maintenant que quelques dizaines de cas du redouté virus apparaissent à Washington D.C. ? D’où sont-ils venus ? Combien sont-ils encore ?
Les aéroports seront-ils fermés ? La ville sera-t-elle verrouillée ? Jusqu’où chuteront les actions avant que la cotation soit suspendue ?
Qu’arriverait-il ensuite au reste du pays ? Les gens y réfléchiront-ils à deux fois avant de sortir de la maison ? Qu’arrivera-t-il au PIB ?
On dirait que c’est impossible à imaginer. La semaine prochaine, nous introduirons donc un nouveau mot pour nous aider à le faire.
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