Grèce: et si la solution était la double monnaie ?

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Par Pascal de Lima Modifié le 1 juin 2012 à 3h02

Il existe peut être une solution pour maintenir la Grèce dans la zone euro tout en lui donnant les chances d’avoir une monnaie parallèle qu’elle pourrait dévaluer. C’est une idée bien connue des économistes depuis des années.

On choisirait alors de maintenir « l’euro international » en Grèce et on crée une autre monnaie nationale pour payer les fonctionnaires et les créanciers privés grecs. Comme par exemple le Geuro, pour reprendre un économiste de la Deutsche Bank qui semblerait avoir étayé l’argument et créer cette nouvelle unité de compte commune…C’est cette dernière qui pourrait être dévaluée fortement par rapport à l’euro...

Cette idée est intéressante car elle réconcilie deux tensions majeures dans la situation économique de la Grèce : la tension économique de sortir de l’euro et l’absolue volonté du dogme politique de la maintenir. Ici, on a peut-être trouvé la solution : permettre au peuple grec de sortir fictivement de l’euro tout en lui offrant la possibilité de revenir concrètement quand bon lui semble. Les partisans d’une sortie de l’euro et les défenseurs du non démantèlement y trouveraient donc leur compte.

Mais pour y arriver, il va encore falloir de nombreux débats économiques pour expliquer les allers-retours possibles entre ces deux monnaies.
Il faut des ingénieurs financiers pour comprendre tout cela mais le raisonnement de base est assez simple : prenant acte des difficultés du gouvernement grec à trouver de l’argent pour payer ses créanciers et ses fonctionnaires, l’idée consiste à priori à libeller des créances de dette. La somme des créances de dette nationales pourrait prendre la forme d’une nouvelle monnaie, parallèle à l’euro : le Geuro. Nous aurions donc une monnaie officielle normale pour les échanges internationaux et le commerce, l’euro, en quelque sorte dans la continuité de ce qui existe aujourd’hui pour la Grèce, mais se substituerait une monnaie parallèle interne.

On se souvient que l’inconvénient de la sortie de la zone euro de la Grèce est la question de la convertibilité des créances, en drachme, et sa dévaluation qui aurait spontanément entrainé une hausse proportionnelle de son endettement extérieur en euro. Ici, le problème est résolu : Le Geuro, seule monnaie interne, est dévalué par rapport à l’euro, mais ne sert pas à payer les créanciers internationaux. La zone euro pour les affaires financières internationales continue. C’est ainsi que la Grèce pourrait réduire à néant le coût d’une dévaluation du drachme par le Geuro. Le Geuro serait dévalué et la Grèce redeviendrait compétitive, puisque l’on abaissera relativement aux autres pays, le coût du travail ce qui stimulerait les exportations et donc…les entrées de capitaux…mais en euros, pour payer les créanciers internationaux !

La question des déficits serait une question directement liée au Geuro et à la monnaie interne parallèle. Dans un contexte de réduction des déficits et de contrainte extérieure sur l’endettement, il faut que la Grèce diminue progressivement ses émissions de reconnaissance de dette. Le taux de change entre le Geuro et l'euro se réduirait alors progressivement et à terme une reconvertibilité et un retour à l'euro serait possible.

La question est maintenant celle de l’acceptabilité du Geuro. Une monnaie est normalement acceptée socialement et forge une société si elle permet trois choses : l’acceptabilité de l’unité de compte commune, sa capacité à réaliser en lieu et place de l’euro des transactions marchandes, sa capacité de réserve de valeur et d’épargne. On en est loin, ce d’autant plus que la population pourrait au contraire apparaître divisée entre ceux qui ont accès aux échanges internationaux et donc à l’euro et les autres qui seraient condamnés à payer leurs produits de première nécessité en monnaie locale.

Cette situation a déjà été expérimentée au Zimbabwe et à Cuba et ce fut un échec pour des raisons de confiance en la monnaie. A la limite on pourrait accepter le principe, le temps d’un écart avec l’euro. Mais ce système ne peut perdurer.

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Chef économiste, Economiste de l'innovation, knowledge manager des cabinets de conseil en management (20 ans). Essayiste et conférencier français spécialiste de prospective économique, mon travail, fondé sur une veille et une réflexion prospective, porte notamment sur l'exploration des innovations, sur leurs impacts en termes sociétaux, environnementaux et socio-économiques. Responsable de l'offre "FUTURA : Impacts des innovations sur les métiers de demain". Vision, Leadership, Remote of Work, Digital as Platforms...secteurs Banque Finance Assurance, PME TPE, Industrie et Sport du Futur. Après 14 années dans les milieux du conseil en management et systèmes d’information (Consultant et Knowledge manager auprès de Ernst & Young, Cap Gemini, Chef Economiste-KM auprès d'Altran - dont un an auprès d'Arthur D. Little...), je fonde Economic Cell en 2013, laboratoire d’observation des innovations et des marchés. En 2017, je deviens en parallèle Chef Economiste d'Harwell Management. En 2022, je deviens Chef économiste de CGI et Directeur de CGI Business Consulting. Intervenant en économie de l'innovation à Aivancity, Sciences po Paris, ESSEC, HEC, UP13, Telecom-Paris... et Conférenciers dans le secteur privé, DRH, Directions Métiers... J'ai publié plus de 300 tribunes économiques dans toute la presse nationale, 8 livres, 6 articles scientifiques dans des revues classées CNRS et j'interviens régulièrement dans les médias français et internationaux. Publication récente aux éditions FORBES de « Capitalisme et Technologie : les liaisons dangereuses – Vers les métiers de demain ». Livre en cours : "La fin du travail" Site personnel : www.pascal-de-lima.com

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