Coup de rabot imminent sur les dépenses sociales

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Par Jean-Luc Ginder Modifié le 4 avril 2013 à 16h37

Souvenez-vous. Fin 2012. Le climat était euphorique car les catastrophes que l'on avaient anticipées ne s'étaient pas matérialisées.

Certains économistes se mirent à parler de fin de crise, et même d'une sortie de crise aigüe. Alors, dans cette situation où l'on croyait avoir échappé au pire, certains y ont vraiment ont cru et se sont permis d'imaginer que la situation s'était améliorée. Et d'annoncer, oui, annoncer la croissance retrouvée pour la France en 2013 : croissance du PIB de 0.8% par an, réduction du déficit et même inversion de la courbe du chômage.

Pour ma part, je n'ai jamais pensé ainsi, ni écrit qu'en 2013 la France aurait, ferait de la croissance, que la France tiendrait ses engagements de baisse de déficit et surtout que la France inverserait la courbe du chômage car cela était irréaliste au regard des éléments économétriques.

Oui, nous avons évité l'année passée quatre grandes menaces majeures alors que la croissance mondiale était de 2.5%.

La première, le « double plongeon économique », une contraction forte économique.
La deuxième, la zone euro n'est pas capable de restaurer sa zone économique.
La troisième, un pays, la Chine voit sa croissance stoppée par la crise européenne.
La quatrième, la fameuse falaise budgétaire américaine.

Non il ne fallait pas estimer, pour 2013, pour la France, une croissance de 0.8% et pour 2014, une croissance de 2%. On en est très loin.
La réalité est que, contrairement aux esprits trop optimistes, l'avenir de la France en 2013 est sombre. Alors qu'on on estime avec raison une croissance de 2.5% pour le monde, on peut prévoir dans un même temps, une croissance négative pour l'Europe.

Cette croissance négative s'explique par la moyenne des pays du Sud sombrant dans la dépression et les pays du Nord qui commencent à tirer leur épingle du jeu. Il s'avère que la France est avec son taux de croissance de 0% entre les deux zones. Croissance nulle en 2013. Comme durant ces 5 dernières années d'ailleurs.

Donc, pendant 5 ans, une croissance 0, alors que la population a progressé de 2.5%. Cela signifie qu'individuellement, chaque Français s'est appauvri. Le PIB par habitant a ainsi baissé au cours de ces 5 dernières années alors que les dépenses sociales ont augmenté en moyenne de 2%. Cela veut dire que nous avons financé totalement à crédit cet accroissement de toutes nos dépenses et cela s'est traduit par une augmentation de la dette française. Nous accumulons de plus en plus de dettes et nous pourrons supporter cette situation aussi longtemps que les prêteurs prêteront.

Pourtant, et conformément aux règles économiques de base, il ne faut JAMAIS réduire le déficit dans un contexte de récession économique. Il faut à l'inverse définir une politique de stimulation économique. Il faudrait s'engager dans une politique économique visant à soutenir l'activité et d'un autre côté, il faudrait définir des réformes structurelles majeures qui permettraient d'assurer l'équilibre financier à moyen et à long terme.

Il y a là trois terrains très précis. Le premier est la réforme du régime des retraites. Le deuxième la réforme du mille-feuille territorial. Le troisième la réforme structurelle du budget de l'Etat. Malheureusement, au regard de la réalité, la France est dans un cercle vicieux terrible avec 0% de croissance et 2% de croissance mécanique des dépenses de redistribution et qu'elle ne peut plus augmenter la dette. Il ne reste plus qu'à faire des coupes sombres.

Personnellement, je pense que dans les mois à venir, des plans vont être annoncés aux Français et pour la première fois dans l'histoire budgétaire de la France, de puissantes coupes sombres dans les différents domaines d'intervention de l'Etat seront mises en oeuvre. Sachant que la première dépense est la dépense sociale de redistribution qui représente à elle seule 30% du PIB, c'est bien là, à mon avis, malheureusement et inhumainement que se portera l'essentiel de l'effort.

Oui, nous changeons de MONDE en revisitant ce qui fit de la France un grand pays de Liberté, d'Egalité et de Fraternité.

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Jean-Luc Ginder est économiste et essayiste spécialiste de la macro économie ainsi que de l'économie de l'Energie. Il est l'auteur du livre « Phobiamanagement » mettant en avant les effets de la peur en économie et du livre « Réflexions Economiques » (Éditions Corps et Ame, février 2018).

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