Crise économique : ce n’est pas 1929, c’est pire ! (3/3)

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Par Charles Sannat Publié le 20 septembre 2012 à 10h59

Depuis, la situation a légèrement dérapé. Les salaires ne progressent plus, puisque les salariés partout dans le monde occidental peuvent être remplacés par un serveur Internet – regardez les banques en ligne –, par des automates – du distributeur de billets à la caisse automatique –, ou par quelques petits Chinois peu coûteux…

Contrairement à 1929, nous n’avons pas vécu une crise d’endettement pour acheter des actions à la bourse (on est très intelligent et on apprend de nos erreurs n’est-ce pas), non cette fois, c’est … "très différent", puisque le monde entier s’est endetté pour acheter sur 40 ans des clapiers sans espace dans des villes saturées ! Comme en 1929, il y a donc à la base une crise d’endettement.

Mais cette fois-ci, c’est encore plus grave, puisque notre modèle de croissance basé sur la consommation de masse n’est plus tenable. Et quand bien même, il y aurait de la croissance, cette dernière se fracasserait immédiatement sur le prix des matières premières, qui serait dès lors tirés vers le haut. Les prix de l’énergie exprimés à travers le principal indicateur qu’est le pétrole restent élevés alors que la croissance mondiale et donc la consommation sont en berne. Souvenez-vous du baril à 150 $ en 2007… à la vieille de la crise.

Si demain nous réussissions comme par magie à faire repartir notre sacro-sainte croissance, elle serait arrêtée net par la reprise de la flambée des matières premières en générale et de l’énergie en particulier. Finalement c’est effectivement différent ! La croissance est devenue, pour certaines raisons évoquées ici et bien d’autres qu’il conviendrait de détailler, impossible.

Or, le postulat de nos autorités monétaires pour combattre cette crise de type "1929" repose sur l’idée essentielle que l’utilisation de la planche à billets saura stimuler la croissance et que cette croissance permettra d’absorber progressivement les excès de monnaie. Or, il n’y a pas et il n’y aura pas de croissance.

Nous allons donc nous retrouver avec un double problème. D’une part, une déflation qui commence à arriver par l’Europe, puisque les États doivent éviter la faillite et donc sont obligés au bout de 5 ans de se résoudre à se lancer dans l’austérité après avoir tenté vainement de "relancer" l’économie. Mais cela concernera bientôt les États-Unis, où il y a un débat très vif actuellement sur le fiscal cliff ("le mur fiscal" en français) et les augmentations inéluctables des impôts après les élections présidentielles.

D’autre part, nous nous retrouvons avec une masse monétaire qui a explosé et qui fait peser un risque énorme d’inflation, voire d’hyperinflation, en cas de perte de confiance brutale des agents économiques. Alors effectivement, je me suis trompé. Cette fois-ci, c’est différent. Ce n’est pas comme en 1929. En réalité, c’est beaucoup plus grave. Nous aurons la déflation et l’inflation. Une situation économique inédite.

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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