La crise économique majeure s’annonce en France

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Par Jean-Luc Ginder Publié le 30 septembre 2013 à 3h16

Les Français savent qu'il va se passer quelque chose... Car, depuis 40 ans la France est dans une phase de déclin : on suit la pente, c'est devenu presque confortable...mais les Français peuvent-ils, veulent-ils imaginer vraiment le décrochage et le précipice au bout du déclin ?

Face à ce sentiment inéluctable, on a imaginé pour nous Français, deux attitudes pour nous rassurer. L'une est faussement optimiste, elle mettra en pratique la très fameuse méthode Coué : « Tout va bien, soyez rassurés, ça va s'arranger, la preuve ... ». Peut-on douter que cette posture est mensongère et anxiogène ? L'autre relève du fatalisme : « Tout est foutu, c'est écrit là-haut , la preuve... ». Peut-on douter que cette posture est défaitiste et anxiogène ? Et bien non ! Débarrassons-nous au plus vite de ces deux attitudes simplistes et dépassons-les.

Nous savons effectivement que nous allons arriver au pire mais nous savons aussi que la France ne va pas s'arrêter. Nous sommes à l'aube de l'épreuve de vérité.

Economiste de mon état je revendique un réalisme positif. Je ne supporterai en aucun cas la prédiction absurde qui consiste à penser que, tout à coup, l'économie française va s'arrêter. Mais j'ai cessé de croire que la situation allait s'arranger avec le temps. J'ai été forcé d'intégrer l'idée que le système tel qu'il fonctionne à l'heure actuelle ne pourra plus éviter la crise majeure. C'est programmé, c'est incontournable.

Depuis 2012, nous connaissons parfaitement les remèdes mais ne les appliquons pas. Qu'en serait-il d'un grave malade pour qui le médecin aurait posé le bon diagnostique mais qui serait soigné de tisanes et de médicaments à doses trop homéopathiques ?

Pourrait-il guérir ?

La réalité est que la France est endettée, surrendettée, pour un montant de 2000 milliards d'euros, et comme pour tout individu surendetté, elle tombera bientôt sous le coût du créancier. C'est une évidence, et c'est pourquoi Bruxelles intervient déjà en permanence sur les budgets français. Le principe est qu'on perd son indépendance lorsque l'on génère des dettes. Souvenons-nous qu'en 1958, la France fut déjà mise sous le contrôle du FMI. Un pan de notre histoire économique trop vite oublié.

Curieusement, il existe aujourd'hui une anomalie construite au travers d'une idéologie économique récurrente qui occulte la réalité : le principe merveilleux et magique de l'inversement des courbes. La réalité est toute autre. Nous quittons le temps de la récession pour entrer dans le temps de la stagnation et par conséquence nous serons contraints de changer de système économique, politique et social dans les 3 ans à venir. Et dès lors très précisément, nous serons en phase de crise de régime, ce qui revient à dire notre que respectivement nos systèmes économiques, sociaux, politiques ne pourront plus appréhender la réalité (comme cela fut le cas en 1940 et en 1958).

Ce changement sera essentiellement impulsé de l'étranger, comme pour la Grèce et le Portugal. La France sera placée sous contrainte et contrôle. Pourquoi ? Car c'est auprès de l'étranger que le pays est endetté et qu'il s'endette encore. Les deux tiers de la dette française sont sur les marchés internationaux, et chaque année la France, pour boucler son budget, pour payer ses fonctionnaires, pour payer ses pensions, la France, oui la France doit s'endetter encore et encore.

En croyant les Etats solvables nous vivons aujourd'hui en une période d'euphorie monétaire très dangereuse, car c'est bien une nouvelle bulle que nous gonflons, et cette dernière explosera. Il est évident pour tout économiste que la France sera incapable demain comme aujourd'hui de réduire ses dépenses, son déficit, et de fait augmentera encore les prélèvements (impôts et taxes) et ne pourra plus tenir ses comptes et ses engagements.

Avant 2016 les marchés au travers du FMI et de l'Europe nous présenteront un ultimatum clair : - vous Français, faites vos réformes et réduisez vos dépenses si vous ne voulez pas que l'argent dont vous avez besoin pour payer vos dettes vous coûte entre 8% et 10%.

Et là se fixera dans notre destin le moment du CHOC ECONOMIQUE. Tout changera à ce moment-là et précisément à ce moment-là. C'est inéluctable, c'est écrit. Il nous faut penser au-delà, car imaginez un instant que tous les comportements changeront dans la société. Quand on va se rendre compte du jour au lendemain que la France sera acculée et sera sur le point de faire défaut, il se passera ce qui se passe lors d'une crise économique majeure, la crise de régime.

Un évènement de cette force changera irrémédiablement la donne et rendra possible ce qui est impossible aujourd'hui. Trouver le meilleur en passant par le pire. Une crise au fond ce n'est rien d'autre qu'une opportunité qui change les comportements, les mentalités et ouvre de nouvelles perspectives.

Voilà les profonds changements imminents auxquels la société française aura à faire face. OUI ce qui va arriver est grave. OUI les Français sauront s'en sortir.

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Jean-Luc Ginder est économiste et essayiste spécialiste de la macro économie ainsi que de l'économie de l'Energie. Il est l'auteur du livre « Phobiamanagement » mettant en avant les effets de la peur en économie et du livre « Réflexions Economiques » (Éditions Corps et Ame, février 2018).

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