Un regard prévisible sur une Chine perturbée et perturbante

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Par Jacques Martineau Publié le 4 septembre 2015 à 5h00
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8,3 %Les exportations chinoises ont diminué de 8,3 % cette année.

La Chine se retrouve au pied du mur des marchés internationaux. Depuis près d’un mois, une véritable crise financière occupe l’actualité. La débâcle boursière de la Chine perturbe les marchés mondiaux. L’Etat chinois est en difficulté. Les dévaluations successives et la baisse des taux d’emprunts ne suffisent pas à calmer le jeu.

Une prévision de croissance réelle en forte baisse

La banque centrale chinoise n’avait pas cessé d’inonder les places financières et les banques de liquidités encourageant les placements en tous genres. La bourse de Shanghai a dégringolé. Les « petits » porteurs s’affolent. La bourse n’est pas un jeu. Beaucoup le découvrent. Si cette correction était prévisible, elle dérange. Le gouvernement chinois vit l’éclatement de sa « première » crise financière. La prévision de croissance annuelle pour 2015 aujourd’hui de 6,8%, n’est plus crédible. Certains experts parlent d’une croissance réelle à venir autour de 3,5%.

Une classe moyenne de 250 millions de personnes avec des salaires plus élevés ce qui rend les productions moins compétitives. La Chine délocalise pour trouver des coûts de main d’œuvre plus faibles. Son économie se ralentissant, ses demandes en matières premières diminuent fortement entraînant une chute des cours en moyenne de l’ordre de 33%. Le prix du baril de pétrole est au plus bas à 44 $ US.

Les conséquences vers les pays émergents sont évidentes. Le Brésil, la Russie et l’Afrique du Sud sont déjà en difficulté en début de récession, pour certains. Ils vont le ressentir encore plus. Seule l’Inde prétend pouvoir éventuellement en tirer profit, grâce aux faibles coûts des matières premières dont ellle a un grand besoin. Si les BRICS sont en danger, l’économie mondiale va en souffrir. Dans l’immédiat, ce sont les acteurs du marché asiatique et pacifique qui sont aussi perturbés. La Corée du Sud, le Japon, la Malaisie et l’Indonésie ne sont pas à l’abri de cet ensemble de secousses pour ne citer qu’eux.

Une situation économique perturbée qui ne sera pas sans conséquences

Dans les chiffres à garder présents à l’esprit : la consommation en Chine a baissé. Les exportations ont diminué de 8,3%, tandis que les importations ont baissé de 8,1% quant à l’investissement immobilier, il a lui même ralenti de 10%. Près d’un logement sur cinq est inoccupé. C’est la concrétisation de la fin de l’hyper-croissance et le retour à l’économie réelle.

Cette baisse des importations chinoises affectera les marchés mondiaux et européens. Prenons l’exemple de l’Allemagne dont la richesse est basée d’abord sur son exportation. La Chine est un client important avec un chiffre d’affaires de plus de 74 Md€ par an. Une baisse sensible affectera sa balance commerciale. La France pour sa part fait un chiffre d‘affaires à l’export de 16 Md€. Constructions industrielles, entreprises manufacturières et hautes technologies, exportées en Chine, seront probablement touchées. Le pouvoir d’achat du consommateur sera impacté. Cette rupture prévisible de ce que l’on peut appeler une « bulle financière » à caractère économique peut devenir perturbante. Le gouvernement chinois veut anticiper la remontée des taux d’intérêt.

La volatilité des marchés va se poursuivre comme l’ont confirmé les experts de Goldmann Sachs, le rappelle Paolo Garoscio. Mais au delà, les bourses seront sensées retrouver une stabilité à terme, alors comment réagiront les Etats-Unis ? L’UE et la zone euro, si l’Union dans ce secteur a encore un sens ?

L’euro qui retourne à la hausse par rapport au dollar US ? Sans parler des milieux financiers, en matière d’investissements et de placements ? Et pour leur part que diront les organismes de tutelle, les banques centrales, la FED, la BCE, le FMI, la BM, l’OMC, etc. ? N’oublions pas que depuis 2011, les politiques des banques centrales ont inondé le marché de liquidités, la Chine a suivi. Quels seront les moyens à disposition des politiques et des banques centrales pour anticiper une crise financière mondiale, toujours trop éloignée de l’économie réelle ?

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Après un long parcours scientifique, en France et outre-Atlantique, Jacques Martineau occupe de multiples responsabilités opérationnelles au CEA/DAM. Il devient DRH dans un grand groupe informatique pendant 3 ans, avant de prendre ensuite la tête d'un organisme important de rapprochement recherche-entreprise en liaison avec le CNRS, le CEA et des grands groupes du secteur privé. Fondateur du Club Espace 21, il s'est intéressé aux problèmes de l'emploi avec différents entrepreneurs, industriels, syndicalistes et hommes politiques au plus haut niveau sur la libération de l'accès à l'activité pour tous. Il reçoit les insignes de chevalier de l'Ordre National du Mérite et pour l'ensemble de sa carrière, le ministère de la recherche le fera chevalier de la Légion d'Honneur.

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