Les économistes sont actuellement occupés à chiffrer le coût de la pandémie du coronavirus. Il faudra sans doute des années pour en évaluer toutes les dépenses. Il y a 70 ans, les États-Unis mettaient en place le plan Marshall pour venir en aide aux pays européens en crise après la Seconde Guerre mondiale.
Une somme colossale pour l’époque
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’Europe est totalement détruite. Une grande partie des infrastructures portuaires, des ponts, des voies ferrés et des logements a été bombardée. Afin de soutenir l’Europe dans sa reconstruction économique et physique, le général américain George C. Marshall met en place le 5 juin 1947 le « Programme de rétablissement européen » appelé aussi Plan Marshall. Il a été signé par seize pays européens, quatre mois plus tard.
Face à cette situation d’urgence, les Américains n’hésitent pas à déployer les grands moyens. La somme prêtée aux pays européens est estimée à 13 milliards de dollars, soit 1,2 % du Produit National Brut (PNB) des États-Unis. Cela correspondait en 2017 à près de 145 milliards de dollars, soit 130 milliards d’euros.
Cette aide financière été allouée sous forme de dons, de prêts ou en nature sur une période de quatre années du 3 avril 1948 au 30 juin 1952. La France a ainsi reçu près de 2,5 milliards de dollars de l’époque et aurait contracté un prêt de 225,6 milliards de dollars. Cette aide financière été principalement utilisée pour l'achat de denrée alimentaires (32%), d’énergie comme l’essence (15%) puis pour l’achat de matériel pour reconstruire les outils de productions et des infrastructures.
Les principaux bénéficiaires du plan Marshall ont été la Grande-Bretagne et la France, qui ont reçu 49 % des aides américaines (26 % pour les Britanniques et 23 % pour les Français). Les Allemands et les Italiens sont les «perdants» de ce plan de solidarité puisqu’ils ont bénéficié du plan seulement à hauteur de 1,4 milliards et 1,5 milliards de dollars.
Une aide pas désintéressée
Les américains ont toutefois posé leurs conditions, puisque en contre-partie, les pays devaient acheter en priorité des produits américains ( véhicules, armes, nourriture...) de quoi favoriser leurs exportations. Le Plan Marshall a en effet permis à de nombreux produits américains de s’imposer Outre-Atlantique.
En proposant cette aide, les Américains y voient également l’opportunité d’user de leur "soft power". La situation économique et politique étant instable en Europe, les intérêts américains sont menacés. Ces derniers craignent que le continent en pleine crise tombe sous l’influence des Soviétiques. La Plan Marshall marquera la fin de l’isolationnisme américain.
Le remboursement des prêts se fera bien plus tard, la France a achevé de rembourser ses 225 millions de prêts dans les années 1960.