Il est incontestable que nous connaissons, en France, en Europe et dans une grande partie du monde une situation de crise économique. Non pas que cette crise soit due à l’économie. L’offre et la demande existent pour satisfaire les besoins et les désirs, les moyens de production, de transport, de distribution, aussi.
Pourtant les prévisions statistiques de croissance de la France, telles que publiées par l’INSEE, sont de 0,1 % pour les deux premiers trimestres 2013. Si la crise n’est pas d’ordre économique, mais qu’elle influe sur l’économie, c’est qu’elle est d’ordre financier et structurel. Ce n’est pas la première et nous avons été nombreux à lui trouver des similitudes avec celle de 1929 et d’autres. L’étude des entreprises qui ont été créées à ces époques, a montré que leur taux de réussite et leur pérennité étaient supérieurs à celles des périodes fastes. En effet, une entreprise ayant commencé ses activités dans une période difficile aborde plus favorablement une période faste, que celle qui a vécu la situation inverse. La véritable question, qui peut fournir les pistes de la pérennité et du succès de ces entreprises est de savoir : Pourquoi ? Et comment ?
Le terme d’économie ayant plusieurs sens, le principal actuellement utilisé étant l’ensemble des échanges patrimoniaux, nous utiliserons celui de parcimonie pour évoquer la recherche de la moindre dépense.
Mes père et grand père l’utilisaient souvent pour qualifier les dépenses. Leur expression exacte était : « Avec parcimonie et à bon escient ». L’exemple ne vient pas « d’en haut ». Nos dirigeants, qui concentrent un maximum de pouvoirs, ne voient les choses que de loin et ne sont donc jamais en mesure de dépenser « avec parcimonie et à bon escient ». La leçon à en tirer est qu’il s’agit d’un comportement individuel, de choix personnels et que seule une personne libre de ses choix et responsable des conséquences, sera en mesure d’appliquer efficacement une telle règle. Pour la création ou le développement d’une entreprise, des conditions doivent en être déduites. Contrairement aux usages actuels, il vaut mieux confier à un collaborateur un objectif à atteindre qu’une tâche à accomplir. Quitte à lui proposer de l’assister et de le soutenir en cas de difficulté.
Lorsque l’on choisit un domaine d’activité, celui que l’on connait le mieux est toujours le plus favorable. Outre la compétence qu’on y a, il y a la connaissance de « l’environnement », fournisseurs, clients, prestataires, sous-traitants, règlementation, usages et instances professionnels. Se lancer dans un domaine que l’on connait peu ou mal, comporte toujours plus de risques.
Pour ce qui concerne les moyens à mettre en œuvre, c’est le premier domaine ou la parcimonie doit jouer. Il ne faut pas seulement se limiter au nécessaire, mais à l’indispensable. Aussi longtemps que l’on n’a pas d’assurance sur son chiffre d’affaires, il faut faire appel, dans tous les domaines possibles, aux prestataires extérieurs, à la sous-traitance, suivant le terme à la mode « externaliser ». Louer ponctuellement ou à très court terme, effectuer ses achats à des grossistes ou même des détaillants, quitte à les payer plus cher, pour éviter le risque de stocks invendus.
Les adages concernant les banques : « Elles ne prêtent qu’aux riches ; prêtent un parapluie quand il fait beau et vous le reprennent quand il pleut. » sont fondés. Elles n’ont pas pour fonction de prendre le risque de l’entreprise. A l’entrepreneur de le minimiser à la hauteur de ce qu’il a les moyens d’assumer. Et pour ce faire, il y a des méthodes connues et éprouvées : crédit fournisseurs, avances clients ainsi que ce que j’ai cité au paragraphe précédent.
Autant il est assez facile, lorsque comme moi, on dispose d’une quarantaine d’année d’expérience dans le conseil de société, d’analyser un projet précis et de donner des conseils pour l’améliorer, autant il est difficile d’en tirer des règles générales. Sachant qu’elles ne s’appliqueront jamais à tous les cas et qu’il est toujours possible de trouver un exemple inverse, à partir de conditions et de circonstances particulières.
Il existe néanmoins un paramètre universel, dont la négligence se manifeste par des désordres actuels de la société : c’est l’humanité. Le facteur humain qui disparait dans la plupart des relations économiques et financières : la déshumanisation, principalement due au monétarisme et à l’influence des sciences exactes dans les relations humaines. Restaurer une véritable relation personnelle avec les collaborateurs, prestataires, fournisseurs et clients, rejeter les artifices et les masques des marques et des slogans, serait un moyen d’apporter des améliorations déterminantes dans de nombreux domaines.
A ce titre, il serait souhaitable de trouver de nouvelles règles de fonctionnement, de nouveaux modèles ou types de société, tel que celui que j’ai mis au point sous la dénomination de Partenariat Actionnaires Salariés (P.A.S : nouvelle sorte de société au sein de laquelle une assemblée des salariés est dotée de pouvoirs équivalents à celle des actionnaires pour la désignation des dirigeants et la définition de la stratégie.). Ce serait un premier pas.