A l'origine, le ministre de l'Economie devait parler rémunération avec les patrons de banque. Mais le sujet a glissé : Arnaud Montebourg a tiré les oreilles des banquiers en leur reprochant de ne pas prêter assez d'argent aux petites et moyennes entreprises. Et d'en faire un critère d'évaluation pour calculer la rémunération du PDG de la banque ! Façon sucette : si tu fais bien tes devoirs, tu auras ton argent de poche...
Néammoins, si la méthode est contestable, le constat est réel : les banques accordent de moins en moins de crédits aux PME, en particulier de crédits de trésorerie, les fameuses facilités de caisse ou autorisations de découvert. Seules 60 % des entreprises ayant sollicité un crédit bancaire depuis le début de l'année l'auraient obtenu, et l'on peut raisonnablement penser que les 40 % d'entreprises écartées de l'accès au crédit en avaient besoin. Aujourd'hui, une banque propose le plus souvent l'affacturage à ses clients qui souhaitent "mobiliser leur poste client", c'est à dire avoir sur leur compte en banque une partie au moins de la somme d'argent dûe par leurs clients. Le problème, c'est que l'affacturage coûte cher, jusqu'à 10 % du montant facturé, soit beaucoup plus qu'un crédit, une facilité de caisse, une autorisation de découvert, qui plafonnent normalement à 4 %.
Conséquence, "les objectifs de développement du crédit aux PME ou TPE [tiendront] une place importante dans les plans stratégiques reflétant l'activité des banques, qui eux-mêmes déterminent les rémunérations variables des dirigeants d'établissements bancaires" comme l'a confirmé Bercy dans un communiqué envoyé dans la nuit. On attend de voir si les exigences du ministre de l'Economie suffiront à faire fléchir les banques, qui, elles, s'inquiètent surtout de respecter les critères de solvabilité les obligeants à renforcer leurs fonds propres à tout prix... Elles sont plus préoccupées par trouver des clients qui placent leur argent que des clients à qui en prêter !