Le gouvernement a annoncé la semaine dernière un règlement dans l’affaire Fincantieri, cédant en apparence sur ses annonces initiales de ne pas céder les chantiers aux Italiens. Cette décision a surtout permis de débloquer un rachat de trois banques italiennes par le Crédit Agricole.
Une opération repoussée par le gouvernement italien
Au printemps, le Crédit Agricole avait annoncé son intention de procéder au rachat de ces trois caisses d’épargne. Mais la banque française ne voulait pas s’embarrasser de leurs actifs toxiques. D’où la nécessaire intervention du Fonds interbancaire pour procéder à la « désolidarisation » de ces actifs avant le rachat. Autrement dit, ce sont les banques italiennes (donc les clients) qui doivent reprendre entre elles ces actifs pourris avant que le gouvernement italien n’autorise la cession. On parlait alors de 2,8 milliards de créances brutes douteuses… un montant bien supérieur aux 800 millions auxquels le Coréen STX avait racheté Saint-Nazaire.
Pas de chance pour le Crédit Agricole: sa marque d’intérêt est arrivée en même temps que le dossier Fincantieri. Et très vite, on a compris que ni le Fonds interbancaire ni le gouvernement italien ne s’empresseraient d’autoriser ce dossier si la France ne lâchait pas du lest sur l’opération STX.
L’opération miraculeusement débloquée cette semaine
Comme un fait exprès, le Crédit Agricole a annoncé vendredi avoir trouvé un accord avec le Fonds interbancaire italien pour la cession de ces caisses d’épargne. L’opération se règle de façon plutôt (très) avantageuse pour la banque française. Celle-ci devrait apporter 130 millions par sa filiale italienne Cariparma (achetée en 2007) aux trois caisses d’épargne. Dans le même temps, les banques italiennes prennent à leur charge près de 3 milliards de créances douteuses.
Voilà qui valait la peine d’attendre!
Sur le fond, on n’est donc pas sûr que la « nationalisation temporaire » de STX cet été par l’ineffable Bruno Le Maire ait vraiment servi les intérêts de l’entreprise. En revanche, le retour de fait au compromis négocié par son prédécesseur Sirugue fait les affaires du Crédit Agricole.
Vivendi en profite pour recoller les morceaux
On notera que la Tribune a rappelé que, de son côté, Vivendi avait fait les frais de la stratégie française tonitruante dans le dossier STX. Les stratégies de prises de participation de Vivendi ont en effet donné lieu à de vives réactions de la part des autorités italiennes.
Encore une entreprise française qui ne doit ménager ni son temps ni sa peine pour convaincre Bruno Le Maire de mettre de l’eau dans son vin.
Des discussions fructueuses ont été menées dans un esprit constructif, de respect et d’engagement mutuel durant tout l’été avec le Schema Volontario et les banques avec le soutien actif des autorités impliquées. Elles ont permis de réunir les conditions nécessaires à la conclusion de cet accord qui définit la structure et le périmètre de la transaction, en particulier le niveau des augmentations de capital de chacune des trois banques et les conditions de la déconsolidation de l’essentiel de leurs créances douteuses résultant, entre autres, en une amélioration du profil de risque du groupe en Italie.
Le Schema Volontario procédera au renforcement du capital des banques cibles préalablement à la date de finalisation de la transaction, de manière à aligner leur ratio CET1 sur les critères du Groupe Crédit Agricole ; des portefeuilles de créances douteuses totalisant environ 3 Mds€ de valeur brute seront titrisés avec l’appui du fonds Atlante II ou cédés à des investisseurs privés. Crédit Agricole Cariparma versera au Schema Volontario la somme de 130 m€ pour l’acquisition de participations supérieures à 95% dans les trois banques cibles.
La transaction sera soumise à l’approbation des autorités de supervision et de la concurrence compétentes. La finalisation de la transaction est prévue pour la fin de l’année 2017.
Article écrit par Eric Verhaeghe pour son blog