Les mauvaises nouvelles s'accumulent pour les marchés financiers. Le net recul des crédits au secteur privé dans la zone euro en octobre confirme, une fois encore, que la transmission de la politique monétaire n'est pas optimale. Le soutien massif octroyé par la BCE ne bénéficie pas à l'économie réelle et permet simplement d'alimenter la hausse des marchés financiers.
Pour autant, bien que tout porte à croire que de nouvelles mesures n'auront qu'un effet marginal, on demande encore à la BCE de faire plus en se lançant dans un programme de rachats de dettes souveraines. C'est une invraisemblable fuite en avant mais ce qui est certainement le plus inquiétant, c'est que Mario Draghi semble prêt à répondre aux demandes des politiques et des investisseurs. Il devrait d'ailleurs le réaffirmer aujourd'hui depuis la Finlande, sans même évoquer les nombreux écueils techniques et politiques qu'un tel programme pourrait soulever.
On oublie simplement que le défi majeur de la zone euro n'est pas lié à l'offre de crédit mais plutôt à la demande de crédit qui reflète l'absence de confiance des agents économiques. On pourrait aussi bien déverser des billets de 500 euros par hélicoptère au-dessus de toute la zone euro, le reprise économique ne s'étofferait guère davantage.
Pour assombrir un peu plus le tableau, il semble faire consensus sur le marché que le chiffre de l'inflation pour l'Union Monétaire va confirmer le risque de déflation et conduire inexorablement au désancrage des anticipations d'inflation. Ce risque n'est pas à minimiser mais il est essentiellement lié à la chute de près de 30% depuis mi-juin des prix du baril de pétrole. En d'autres termes, il s'agit d'un facteur externe sur lequel une banque centrale n'a pas prise. Le problème, c'est que la réunion de l'OPEP qui se tient aujourd'hui à Vienne ne devrait pas aboutir à une diminution de la production pétrolière, ce qui confirmerait la tendance durable à la baisse, par rapport aux dernières années, des prix de l'énergie. Bref, une nouvelle épine dans le pied de la BCE.
L'année 2015 s'annonce difficile et il n'y a aucune solution toute prête. Il apparait, cependant, que la BCE a fait son maximum et que des rachats de dettes souveraines ne vont pas changer fondamentalement la donne. Au contraire, ils pourraient faire courir des risques élevés à la stabilité financière de la zone en alimentant les phénomènes de bulle spéculative. Les Etats doivent donc prendre le relais, accepter temporairement la vertu bénéfique de la dépense publique mais en l'orientant vers les investissements permettant d'acquérir un avantage compétitif durable. Le plan Juncker n'y répond que très imparfaitement.