Repensons l’urbanisme de demain

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Par Frédérique Ville Publié le 11 juillet 2018 à 5h02
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44%Selon le Baromètre Prévention routière réalisé par Allianz en mars 2017, 44% des Français n'ont pas essayé le covoiturage et n'envisagent pas de le faire.

Le modèle classique du « chacun sa voiture » a vécu. De nouvelles mobilités apparaissent et transforment l’espace urbain. Cette évolution appelle une concertation entre acteurs publics et privés, pour créer les conditions d’une cohabitation harmonieuse entre différents modes de transports.

Renforcer l’accessibilité des territoires

Traditionnellement, les modes de transports classiques à forte capacité — bus, trains — ont été pensés du centre-ville vers la périphérie, pour accompagner le développement par ramification des banlieues. Depuis quelques années, des mobilités alternatives apparaissent : vélos et scooters électriques, voitures partagées ou en libre-service envahissent nos rues. Écologiques ou collaboratives, elles sont trop souvent cantonnées aux hyper-centres, alors qu’elles permettraient de couvrir des trajets transversaux, mal desservis en transports en commun directs. En offrant aux usagers une alternative à la voiture et au RER, ces mobilités collaboratives peuvent favoriser l’égalité des territoires et redonner de l’accessibilité à des zones économiques éloignées des principaux axes.

Favoriser la rencontre entre usagers

Des aires de rencontre ont été mises en place depuis plusieurs années en zones peu denses, pour encourager le partage de véhicules, mais tardent encore à se développer dans les villes. Faciliter la rencontre entre usagers est pourtant essentiel au développement des transports partagés. Pour des trajets domicile-travail, l’installation de points de rencontre à l’entrée des centres urbains permettrait de désengorger les villes et de lutter contre la pollution. De telles mesures commencent à être mises en place en Île-de-France, avec des gares équipées de bornes de véhicules en libre-service ou d’aires de covoiturage. À l’intérieur des zones denses, il faut une vraie volonté politique d’allouer l’espace nécessaire à la rencontre entre usagers de transports collaboratifs ; soit en les créant, soit en partageant des espaces déjà affectés, par exemple les arrêts de bus ou les places de livraison.

Partager l’espace urbain entre différents modes de transport

Au moment de l’apparition des premières voitures, il a fallu repenser la répartition de l’espace urbain entre piétons, chevaux et voitures. Des voies dérivées et un code de la route ont été créés. La même chose se produit aujourd’hui, avec l’apparition des nouvelles mobilités qui changent la répartition physique de l’espace urbain et la façon dont les gens se l’approprient. La construction des voies cyclables en a été l’une des premières manifestations, mais l’espace étant limité, l’application de ce modèle ne peut être appliqué à chaque mode de transport.

La meilleure solution serait d’établir des points de rencontre partagés entre plusieurs modes de transport, qui cibleraient à la fois les lieux d’affluence — gares, aéroports — et ceux de la vie quotidienne. Demain, d’autres points de rencontre mixtes sont à imaginer à la sortie des écoles ou des salles de théâtre, où les usagers proposeraient le partage d’un trajet, soit à l’avance soit sur le vif. Dans ce cas, la technologie serait une alliée précieuse pour informer et connecter les usagers.

La technologie, alliée des mobilités collaboratives

À l’heure des Smart Cities, les villes déploient des services connectés dans tous les domaines. Les nouvelles mobilités — voitures partagées, vélos et scooters en libre-service — sont naturellement connectées et passent par des applications sur smartphones ou des bornes munies d’écrans. Conscients de l’essor de ces usages, les industriels ne sont pas en reste : les constructeurs automobiles intègrent des technologies de partage aux voitures tandis que les constructeurs immobiliers envisagent des logements et des centres commerciaux favorisant le partage de véhicule. De plus, le développement des blockchains permettra bientôt de connecter ces différents acteurs pour construire un véritable modèle d’économie collaborative transversale.

Les usages des voyageurs ont déjà commencé à se transformer. Le moment est venu d’établir une concertation entre acteurs nouveaux et historiques des transports, pour favoriser la cohabitation harmonieuse des nouvelles mobilités et préparer l’urbanisme de demain.

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Frédérique Ville est directrice générale d’iDVroom (service de covoiturage de la SNCF).

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