Lors de son allocution présidentielle du 12 avril 2020, Emmanuel Macron a tenu à prévenir les assureurs qu’ils doivent être au rendez-vous. « J’y veillerai » a-t-il déclaré. Est-ce une réponse directe à l’interview accordée au Figaro, publiée la veille, par Florence Lustman, présidente de la Fédération française de l’assurance (FFA) ?
Le risque systémique « n’est pas prévu par les contrats »
Florence Lustman n’y va pas par quatre chemins pour expliquer la position des assurances face à la crise du coronavirus Covid-19 et au remboursement des pertes d’exploitation. C’est simple : elles ne paieront pas car elles ne peuvent pas payer. « Nous sommes face à un risque systémique. Il est trop fort et n’est donc pas prévu par les contrats », déclare-t-elle au Figaro le 12 avril 2020.
Elle précise que ce n’est pas une spécificité française, toutefois : « Dans aucun pays au monde les pertes d’exploitation des entreprises qui ne sont pas consécutives à un dommage, comme un incendie par exemple, ne sont couvertes. » En somme, les contrats ne prévoient rien contre un tel événement et donc les entreprises ne seront pas remboursées.
La présidente de la FFA annonce d’ailleurs un chiffre… avant même l’allocution d’Emmanuel Macron et le prolongement de la période de confinement : « les pertes d’exploitation liées à la pandémie se chiffrent à près de 60 milliards ». Autant dire que ce montant risque de doubler, sans compter les pertes d’exploitation liées au maintien de certains commerces fermés, comme les restaurants, les bars ou encore les cinémas, après la fin théorique du confinement. Emmanuel Macron l’a bien précisé : ils ne pourraient rouvrir qu’au milieu de l’été…
Vers un conflit ?
Les deux positions, celle du gouvernement et celle des assurances, sont donc en opposition : d’un côté le premier veut que les deuxièmes s’engagent plus pour aider les entreprises à surmonter la crise, de l’autre les deuxièmes préviennent le gouvernement qu’elles ne pourront pas payer.
Si la FFA annonce un soutien de 1 milliard d’euros, sous la forme d’investissements, pour les PME et les ETI, on est loin du montant prévisionnel des pertes d’exploitation. Quant au fonds de solidarité, Florence Lustman précise dans le Figaro « c’est une aide exceptionnelle qui normalement relève de l’État et pas du secteur privé », avant de critiquer : « je note d’ailleurs que nous sommes le seul secteur économique à y contribuer et, paradoxalement, nous sommes les plus attaqués sur les réseaux sociaux ! »
Les discussions, entre les assureurs et le gouvernement, s’annoncent donc tendues…