Avec l’importance que prenait la crise économique débutée en mars 2020, engendrée par cette maladie et sa continuité, la première réaction des gouvernements de ces deux états est qu’il fallait faire quelque chose rapidement pour sauver le pays et tout son tissu économique.
Quel devait être l’ampleur du coup de pouce pour sauver le pays ? Qui a eu la meilleure réponse ? Allemagne ou France ?
Pour interpréter l’ampleur de la réponse, il a été nécessaire de comparer la variation du solde public entre les deux dernières années : 2019/2020. Cela représente l’ensemble des dépenses qui ont augmenté mécaniquement durant cette première partie de la crise Covid : plan d’urgence, de relance, chômage partiel, aides aux entreprises, etc.., c’est-à-dire le « quoi qu’il en coûte ».
Entre les deux pays : Statu quo, le solde public s’est fortement dégradé mais de façon assez identique, même si l’Allemagne a fait un tout petit peu mieux.
5,7 pour l’Allemagne
6,1 pour la France
Cette différence provient essentiellement de la perte brutale de PIB non identique pour ces deux pays :
5% pour l’Allemagne
8% pour la France
Et pourtant c’est en Allemagne que le coup de pouce budgétaire a été le plus important. Mais cela ne suffit pas pour déterminer le gagnant, c’est l’efficacité des plans qui compte, donc le résultat.
Après toutes les mesures de soutien, de réponses sanitaires relativement identiques mises en place, le premier élément de comparaison reste le niveau économique.
A fin juin 2021, le déficit de croissance se situait à 3,3% pour l’Allemagne contre 3,2% pour la France, soit une quasi-égalité.
Pour une comparaison plus réaliste, en prolongeant le dynamisme de croissance du PIB des sept années précédentes des deux économies ; le déficit de croissance de l’Allemagne serait de 5,4% pour l’Allemagne contre 5% pour la France, soit des performances économiques assez proches.
Comment s’est comportée l’évolution économique de ces deux pays ?
Comme depuis longtemps, les comptes extérieurs français (exportations) ont continué de se dégrader et même d’une façon encore plus marquée.
Lors du premier confinement, la presque mise à l’arrêt de notre industrie, la forte contraction de notre secteur touristique ont dégradé fortement les comptes courants publiques.
Pendant ce temps, l’Allemagne a vu ses comptes restés excédentaires. Et cela malgré une balance des services allemands habituellement déficitaires, elle a bénéficié des restrictions faites aux voyages qui ont compensé la dégradation des biens industriels et autres, liés à la récession mondiale.
L’Allemagne est donc sur ce chapitre la grande gagnante.
Troisième critère, quelle sera la capacité d’accélération de ces deux pays dans les temps à venir ?
Cette capacité pourra se mesurer au maintien de son « état de santé », de la préservation de notre tissu économique et industriel, de la sauvegarde des revenus des ménages…
Côté tissu économique et entreprises, la France malgré ce choc exceptionnel constate une baisse des défaillances d’entreprises deux fois plus importante que notre voisin d’Outre-Rhin avec 28% de moins. (-48 contre -20%).
Côté création d’entreprises, elle est en hausse en France alors qu’elle est en baisse en Allemagne.
Pour la situation des entreprises, il est possible de la mesurer suivant deux critères : le taux de marge des sociétés non financières (excédent brut d’exploitation à la valeur ajoutée) et celui de l’investissement. Sur ce critère de marge, la France est meilleure que l’Allemagne sur le premier trimestre avec un taux supérieur de 1,5 pour la France, contre 1,2 pour l’Allemagne. C’est même – 0,2 point en France contre - 0,8 point côté allemand. Pour l’investissement, les entreprises françaises ont investi pendant la crise plus que l’Allemagne qui a subi un certain relâchement.
Pour les foyers : Les deux pays ont mis en place le travail à temps partiel et du télé travail pour essayer de maintenir l’évolution de l’activité et minimiser le chômage. Ces dispositifs ont amorti fortement la baisse à tel point que l’emploi est repassé en juin 2021 dans les deux pays à son niveau d’avant Covid. Les revenus ont presque tous été préservés si bien que, compte tenu de dépenses moindres, cause confinement et restrictions, le surplus d’épargne est devenu très important. Les livrets ont augmenté et même les placements boursiers.
Avec toutes les aides, le revenu moyen français a même progressé de 0,3% en 2020 ainsi qu’au premier trimestre 2021. Cette modification financière et économique a aussi profité aux plus riches qui ont investit en placements financiers et surtout dans l’immobilier, en achetant des logements dans l’ancien, ce qui a provoqué une hausse de 7% des prix depuis 2019. En Allemagne c’est même 10%.
En France, sur l’ensemble des trois confinements, c’est même 157 milliards d’euros qui auraient été économisés ! Les achats ont enfin bondi de plus de 10% depuis juin 2021 pour relancer l’économie qui s’en trouve actuellement « coincée » par le manque de bras, de matières premières et de pièces détachées !
Pour le premier bilan de cette première période Covid, ce serait à priori pour une fois, la France qui devancerait notre voisin Allemand, ce qui n’est pas coutumier.
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