OPINION
Le 31 janvier dernier, lors de la manifestation des fonctionnaires de l’éducation, des douanes ou encore des hôpitaux, on pouvait lire sur les banderoles « Fonction publique en colère » ou bien «Cocorico, bientôt le coq ne chantera plus à force d’être plumé » mais surtout « Hollande, rends-nous la monnaie ». C’est de notoriété publique, François Hollande a été élu grâce au soutien sans faille de la fonction publique. Le ton était donné : c’était donnant-donnant !
En effet, parmi toutes les promesses électorales fallacieuses du candidat Hollande, figurait l’augmentation du pouvoir d’achat des fonctionnaires. Or les caisses de l’Etat sont vides et un seul point d’augmentation de l’indice de leur rémunération revient à une dépense publique de 800 millions d’euros…
Pour honorer malgré tout son engagement électoraliste, le gouvernement PS s'apprête à supprimer l’unique journée de carence des fonctionnaires en cas d’arrêt-maladie.
En effet, alors qu’ils en étaient auparavant dispensés, depuis la loi de finances 2012, les fonctionnaires, supportent désormais une journée de carence en cas d’arrêt maladie contre trois dans le privé pendant lesquelles, le salarié n’est pas indemnisé par l’assurance maladie. Ce délai est même de 7 jours pour les indépendants.
A noter que les fonctionnaires continuent de profiter de leur très généreux système de congés maladie qui leur assure un taux de remplacement du salaire de 100% pour 3 mois, un an, voire 3 ans et ce, sans plafond... tandis que dans le privé ce n’est qu’au bout d'une semaine que l'employeur verse le complément à 90% pendant 30 jours puis à 66% les 30 jours suivants.
Retour à la case départ, avec un absentéisme deux fois plus élevé dans le public que dans le privé et un impact non maîtrisé
INTOX : La ministre de la fonction publique, Marylise Lebranchu, estime la mesure sarkozyste "… inutile et inefficace".
DÉSINTOX : Il semble bien pourtant que "l’effet journée carencée" ait eu un effet immédiat sur un absentéisme de confort trop fréquent dans la fonction publique. La baisse de l’absentéisme a été évaluée à 7% entre 2011 et 2012, rappelle le député Dominique Tian. On peut citer comme illustration une enquête flash réalisée en février 2013 sur un échantillon diversifié de 18 hôpitaux (9 CHU, 9 CHR) par la Fédération Hospitalière de France : on constate depuis 2011 une baisse de l'absentéisme de 7% et une économie de 10 370 069 € sur 203 000 agents de janvier à août 2012.
INTOX : Madame Lebranchu précise : "l'impact budgétaire du jour de carence est très limité, de l'ordre de 60 millions d'euros pour l'Etat".
DÉSINTOX : j’ignore d’où sortent ces 60 millions mais une chose est certaine, chaque jour non travaillé a des effets sur l’efficacité et la productivité du travail. « En utilisant une méthode assez grossière d’approximation, portant sur la masse salariale totale de la fonction publique (247 milliards d’euros), l’absentéisme des fonctionnaires pourrait coûter 24 milliards d’euros par an à la collectivité » estime sur Economie Matin Alain Mathieu, Président de l'association « Contribuables Associés » et accessoirement, polytechnicien. Appliquons simplement à ce montant les 7% de coûts économisés par la journée de carence : on obtient en fait… 1,680 milliard d'euros par an ! Un chiffre bien éloigné des 200 millions estimés par l'UMP et encore plus des 60 millions avancés par Mme Lebranchu qui parle sans doute d’un coût par quinzaine !
Bref la ministre de la fonction publique est dans le flou artistique et l'opacité financière la plus complète qu'affectionne tant notre gouvernement "visionnaire" !
INTOX : Marylise Lebranchu pressée par les syndicats, juge la journée de carence "inutile car l’absentéisme dans la fonction publique n’est pas plus important que dans le secteur privé"
DÉSINTOX : « Alors qu’il se maintient historiquement sous la barre des 4 % dans les entreprises, l’absentéisme dépasse le plus souvent les 8 % dans la fonction publique et atteindrait même 12 % dans les collectivités locales » résume Alain Mathieu. Une étude de l'Ifrap (Fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques) confirme le constat : Contre 9 jours d’absence en moyenne dans le privé, l’absentéisme maladie culmine à 24,1 jours en moyenne par agent et par an dans le secteur hospitalier. Des absences étrangement concentrées (à 83 %) sur les journées du lundi ou du vendredi soulignait la Direction générale des collectivités locales. Vous avez dit bizarre ?
INTOX Madame Lebranchu décrète que la journée de carence pour les fonctionnaires est également « injuste car elle privait de toute rémunération dès le premier jour d’arrêt maladie 100% des agents publics alors que deux tiers des salariés du privé bénéficient d’une prise en charge des jours de carence grâce à leur convention de branche ou d’entreprise. »
C'est une escroquerie que de faire croire que les salariés du privé bénéficient dans les faits des jours carencés remboursés !
Fonctionnaires et représentants syndicaux ont la fâcheuse manie d’ignorer superbement les conditions d’emploi dans des PME qui représentent 99% du tissu économique national où la protection sociale est bien moindre que dans les grandes entreprises.
DESINTOX Sur un panel de 44 conventions collectives du privé qui ont été analysées par l'Ifrap, seules 49% prennent en charge les 3 jours de carence et encore, pas toujours à 100%. Il est très rare qu’une complémentaire-santé ait dans ses prestations les 3 jours de carence. Ce sont souvent des conventions collectives ou d’entreprises, conventions particulièrement généreuses qui prévoient que l’employeur affilié couvre la carence, le plus souvent sous condition d’une ancienneté de 1 à 5 ans dans la boîte et avec un plafond annuel en nombre de jours payés et plutôt pour les cadres. Cela veut dire aussi que les CDD n’y ont pas droit la plupart du temps. Plus de détails dans le rapport de l' IRDES (Institut de recherche et documentation en économie de la santé).
Un petit calcul basé sur les chiffres de l’ INSEE pour 2011, révèle que sur les 3 511 511 entreprises françaises, seules 0,2% d’entre elles ont un effectif supérieur à 200 personnes et 99% des entreprises en France ont moins de 50 employés… Il y a fort à parier que ceux-ci ignorent tout des avantages d’une quelconque complémentaire d’entreprise ou encore d'éventuels accords cadres qui payeraient les jours d'absence.
INTOX Marylise Lebranchu ajoute "Elle est humiliante pour les agents. Le gouvernement proposera de l'abroger par la prochaine loi de finances".
DESINTOX Proposer une fraude à l’assurance maladie comme alternative à l’augmentation de salaire, n’est-ce pas cela qui est "humiliant" ? N’est-il pas immoral pour un gouvernement que d’inciter ainsi ses agents à prendre des journées d’absence pour « raison médicale » (et sans aucune justification comme dans le privé), payées par des contribuables bientôt exsangues ? Et pour nombre d’entre eux, travailler au noir en faisant de la « perruque », histoire de recevoir l’augmentation de salaire promise par François Hollande ?
Vont-ils, ainsi encouragés par la politique complaisante et délétère du gouvernement, reprendre leurs très mauvaises habitudes ?
De faux prétextes confortent le sentiment de profonde injustice dans le privé et une gabegie inadmissible dans le public
Le privé apprend donc avec stupéfaction que les socialistes suppriment cette journée de carence, rempart contre les abus. C'est grotesque, profondément injuste et surtout irresponsable. On peut légitimement s'attendre à une nouvelle envolée de l’absentéisme de complaisance dans cette fonction publique surabondante. Alors que la crise économique fait baisser l’absentéisme dans le privé, celui du public, en particulier dans les collectivités locales, était en constante progression jusqu’en décembre 2011 jusqu’à l’application de la journée de carence.
60 000 nouveaux fonctionnaires dans l’éducation nationale, l’arrêt du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux… François Hollande peut-il se permettre d’entretenir indéfiniment ses danseuses et ses courtisans pléthoriques en saignant toujours plus le contribuable ?
Non, décidément le boulet de la France reste l’État PS aux ordres des syndicats !
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