Point de marché : changement de vue sur le pétrole

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Par Stéphane Déo Modifié le 18 juillet 2018 à 11h45
Arabie Saoudite Petrole Schiste Concurrence
@shutter - © Economie Matin
80%80% des analystes s'accordent pour dire que la Fed relèvera les taux en septembre 2018.

Depuis un an les contrats futures sur le Brent sont plus bas que les cours observés, donc le marché nous dit que les cours vont baisser. Il a eu tort depuis un an, les cours du pétrole ont progressé de manière quasi ininterrompue. Mais depuis une semaine il y a un gros changement : le marché pense maintenant que le pétrole va se stabiliser, voire progresser à 3 mois.

Nous avions déjà noté l’impact sur l’économie des hausses passées : plus d’inflation, moins de pouvoir d’achat pour les ménages. L’espoir était qu’une normalisation des cours du pétrole à un niveau plus bas aurait l’effet inverse en aidant la consommation et les marges des entreprises. A en croire le marché, nous allons encore attendre.

Les attentes à plus long terme restent sur des niveaux plus bas que les cours actuels, 66,8 à deux ans et même 60,7 à 5 ans, ce qui semble plus cohérent avec des cours d’équilibre de long terme.

Pétrole, Poutine, un nouvel OPEP ?

Deux déclarations de Vladimir Poutine en conférence de presse à Helsinki sont aussi surprenantes qu’importantes pour le marché du pétrole : « Je pense que nous, en tant que producteur majeur de pétrole et de gaz – ainsi que les États-Unis en tant que producteur majeur de pétrole et de gaz – nous pouvons travailler ensemble pour réguler le marché international car aucun de nous n’est intéressé à une chute des prix ».

Et plus loin : « Au-delà d’une certaine fourchette de prix, l’exploitation pétrolière n’est plus profitable, mais nous ne sommes pas non plus intéressé à augmenter trop les prix car ils réduiraient l’activité des autres secteurs ».

Un marché pétrole régulé par les États-Unis et la Russie ? C’est nouveau. Les deux pays représentent un peu plus du quart de la production mondiale.

Japon / Union Européenne, la plus grande zone de libre échange au monde

La Japon et l’Union Européenne ont signé hier un accord de libre échange qui en fait la plus grande zone au monde couverte par un tel accord. Presque un tiers du PIB mondial.

Les négociations végétaient depuis 2013. Mais suite à l’annonce du retrait des États-Unis du TPP (accord de libre-échange transpacifique voulu par Barack Obama), puis au G7 de Taormina en mai 2017 où les Etats-Unis avaient confirmé leurs velléité de protectionnisme, le Japon avait souhaité mettre les bouchés doubles pour trouver un accord. Un « accord de partenariat économique », avait déjà été annoncé le 6 juillet 2017 à la veille du G20 d’Hambourg. Le voilà donc signé.

Powell continue son bonhomme de chemin

Durant son audition devant l’une des commissions du Sénat américain, le président de la Fed Jerome Powell s’est montré optimiste sur la croissance et a déclaré qu’il « croit que – pour le moment – la meilleure manière de procéder est de continuer à relever progressivement les taux ».

La Fed est sur un rythme de hausse trimestriel depuis la fin de l’année dernière. Le marché attribue une probabilité de 80% à une hausse des taux en septembre, et 60% pour une deuxième en décembre.

Et non, Donald, les guerres commerciales ne se gagnent pas si facilement

Les chiffres d’immatriculations en Chine pour juin donnent une augmentation des ventes de limousines de 9% par rapport à l’année dernière. Mais le point intéressant est la répartition par marques :

- une baisse de 25% pour les marques américaines avec Ford (-55%), Jeep (-49%) et Buick (-24%) qui souffrent.

- en contraste les marques européennes tiennent bien avec Volvo (+29%), Mercedes (27%) et BMW (+20%).

Une arme de représailles de la Chine aux tarifs douaniers décidés par l’administration Trump est l’appel patriotique à ne pas acheter de produits américains. Pas besoin de tarif aux importations pour cela. Les chiffres des immatriculations semblent nous dire que les entreprises américaines ont effectivement du souci à se faire.

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Stéphane Déo est stratégiste chez La Banque Postale Asset Management. Il est diplômé d'HEC, a un DEA en économie à l'Ehess (Ecole des hautes études en sciences sociales) et un doctorat en finances à HEC. Il a effectué des études post-doctorales à l'université de Berkeley (Californie). Après l’OCDE et Goldman Sachs, il travaille chez UBS en 2001 comme économiste puis stratégiste jusqu’en 2015. Il poursuit son expérience chez Empirical Research Partners comme stratégiste actions globales.

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