Le 1er mai 2012, pile entre les deux tours de la présidentielle qui a vu s'affronter deux visions différentes de l'économie, Economiematin.fr se (re)lançait sur Internet, après une première vie sur la toile de 2004 à 2010, adossé au magazine papier. Economiematin devenait ainsi le premier pure player français économique.
Deux ans plus tard, vous êtes plus d'un million de visiteurs uniques à nous lire tous les mois, bientôt 70 000 à nous suivre sur Facebook, 12 000 sur Twitter (@Economiematin). Les applications mobiles pour iPhone, iPad, Android totalisent près de 50 000 téléchargements. Deux ans plus tard, nous avons publié près de 10 000 articles, à raison d'une vingtaine par jour.
Deux ans plus tard surtout, malheureusement, la France a "créé" 500 000 chômeurs de plus. Deux ans plus tard, notre dette a gonflé encore de près de 150 milliards d'euros. Deux ans plus tard, les impôts sur les ménages et les entreprises ont augmenté de plus de 30 milliards, quand dans le même temps le rendement des autres impôts s'effondrait, donnant raison ainsi à l'adage "trop d'impôt tue l'impôt".
Deux ans plus tard, plus que jamais, il est évident que la France mais également une large partie des pays occidentaux ne sortiront pas de la crise violente ou larvée qui les frappe depuis des décennies sans un changement complet de logiciel.
Deux exemples : même l'Allemagne n'est pas en bonne santé : ses paramètres économiques semblent excellents, mais sa population non seulement ne se renouvelle plus, mais diminue et vieillit à vitesse grand V (-200 000 par an). Sauf à remplir les usines - qui ne le sont pas déjà- de robots, ainsi que les maisons de retraite, l'Allemagne marche au devant d'une crise majeure et inédite. Un livre vendu à plus de deux millions d'exemplaires en Allemagne et signé par un ancien ministre régional des Finances socialiste prédit que les allemands de souche ne seront plus que 49 % en 2050. Quant à la Grande-Bretagne, dont la croissance "insolente" nous nargue du haut de ses 3 %, elle triche, comme les Etats-Unis, en faisant tourner à plein régime sa planche à billets et en creusant un peu plus sa dette. Quand Paris se tortille dans tous les sens devant Bruxelles pour retarder l'échéance des fameux 3% de déficit rapportés au PIB, Londres, qui n'est pas tenu par les règles de gestion de l'euro, affiche un vaillant 6,6 % de déficit budgétaire ! Loin des +0,1 % allemands de l'an dernier...
Au milieu de tout cela, la France tente de sauver - encore un instant Monsieur le bourreau - un "modèle social" totalement déconnecté de la réalité, financé en partie par la dette depuis des décennies. Dans le même temps, ses usines et industries qui n'ont pas encore coulé se bradent aux investisseurs étrangers, seuls capables de les "accompagner" dans une économie mondialisée, dans laquelle il faut atteindre une "taille critique" pour survivre. Nous ne parlerons pas ici des politiques, dont la quasi totalité n'a pas la moindre idée de ce que vivent des milions de Français à partir du 15 du mois, quand ce n'est pas tous les jours. Quand un homme politique de premier ordre découvre après des années de carrière qu'un salarié coûte deux fois son salaire net à l'entreprise qui l'emploie, et quand l'ensemble du temps de travail des ministres du gouvernement actuel représente 277 années, mises bout à bout, dont seulement.... 3 passées en entreprise, on sent bien qu'il y a un problème de gouvernance dans notre pays.
L'Europe, l'espoir ? Elle a échoué, lourdement, à jouer son rôle de catalyseur d'énergies, à susciter les réformes essentielles, et aujourd'hui cristalise contre elle les oppositions, paralysant son action.
Saupoudrez le tout d'une Russie nostalgique des glorieux temps tsaristes et soviétiques, d'une Chine désormais première puissance mondiale face à un Japon lui aussi vieillissant englué dans la déflation depuis trente ans, d'une Amérique du Nord qui ne roule que pour elle, consciente de la chance insolente d'être seule sur son territoire continent encore richissime, et vous comprendrez aisément pourquoi, comme l'écrivait voici quelques semaines un Jacques Attali il ne reste plus qu'une solution, pragmatique : "Débrouillez-vous".
Je rejoins pleinement Jacques Attali qui pense désormais qu'une somme de comportements individuels peut faire bouger les choses. Transformer son logement de telle sorte que celui-ci soit énergétiquement autosuffisant est un exemple concret d'acte individuel efficace à tout point de vue. Celui qui habite une maison qui se suffit à elle-même pour se chauffer en hiver et éclairer ses habitants toute l'année, change les paramètres pour lui-même et pour les autres. Celui qui se préoccupe d'assurer sa retraite seul sans dépendre de régimes généraux - ou spéciaux- qui auront probablement coulé dans les vingt prochaines années au mieux, change les paramètres pour lui-même... et pour les autres. Celui qui soutient un agriculteur local en achetant à l'avance une partie de sa production, et lui redonne confiance en son avenir tout en assurant sa propre subsistance, change les paramètres pour lui-même et pour les autres.
La liste de ces "petites choses" que l'on peut changer dans notre quotidien, modifiant ainsi notre histoire et probablement l'Histoire est longue. Une de mes paires de chaussures, de fabrication française, en est à sa troisième paire de semelles en vingt ans. La croissance tirée par la consommation de produits chinois ou bengladais de qualité médiocre n'est qu'un accident, une parenthèse.
Nous nous efforcerons encore plus ces prochains mois à vous donner encore plus de clefs pour lire le monde qui nous entoure, et vous aider à faire vos choix personnels et professionnels en fonction.
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