Le gouvernement va dévoiler les chiffres du chômage du mois d'avril 2015. Et malheureusement, les chiffres du chômage du mois d’avril 2015 ne sont pas bons. Mais à y regarder de plus près, ce n’est pas si vrai. On le sait, en statistiques, il faut souvent regarder la moyenne ET l’écart-type, c’est-à-dire la moyenne des écarts à la moyenne (exemple : la moyenne des notes obtenues à une épreuve du bac peut être de 10 avec toutes les notes proches de 10, ou avec 50% des notes proches de 0 et 50% des notes proches de 20, et on voit bien que l’interprétation de cette moyenne change radicalement).
Ainsi, il suffit pour s’en convaincre d’aller faire un tout sur le site de l’Insee et de regarder l’évolution du chômage par catégorie socioprofessionnelle au cours des 20 dernières années. Voici le graphique :
Que voit-on ?
Qu’il y a 3 marchés du travail, et 3 courbes du chômage :
Les ouvriers non qualifiés : la tendance est lourde et sans appel. Depuis 30 ans, mis à part quelques exceptions, le taux de chômage de cette catégorie ne cesse de croître, passant de 10% en 1983 à près de 20% aujourd’hui. La maigre consolation vient du fait que la part des ouvriers non qualifiés diminue, mais ramené à la population active (en gros, 35 millions d’individus en France), c’est quand même un peu moins de 9% de cette population, soit 3 millions de personnes.
Les employés et les ouvriers qualifiés : c’est la catégorie qui pèse le plus, et qui représente en France environ 16 millions de personnes. Passer de 7% de chômage en 2008 à 10% et plus en 2013, c’est 500 000 chômeurs de plus.
Les cadres et les professions intermédiaires : 15 millions de personnes, qui, quelle que soit l’évolution de la conjoncture économique, sont relativement épargnées. Et, avec un taux de chômage qui oscille autour de 4% à 5%, c’est quasiment une situation de plein emploi.
Il faut donc regarder le chômage non pas sur sa moyenne générale, mais par catégorie socioprofessionnelle.
Les pistes ?
Pour la catégorie « ouvrier non-qualifié », on voit bien que la tendance ne va pas s’inverser. Une solution serait donc de faire passer les ouvriers non-qualifiés dans la catégorie du dessus. Et pour cela, le seul moyen, c’est la FORMATION : initiale ou continue, présentielle ou distancielle, peu importe le moyen, mais il faut former.
Pour la catégorie des employés et des ouvriers qualifiés, là encore, on peut les faire changer de catégorie, mais compte-tenu du volume, c’est plus compliqué. Il faut donc s’attaquer principalement au problème de la COMPÉTITIVITÉ sur cette catégorie spécifiquement.
En tout cas, quelles que soient les orientations, il ne peut y avoir une solution globale qui serait la croissance, car même avec de la croissance, les taux de chômage de ces 3 « macro-catégories » restent très différents et resteront très différents !