Les Sages publient un rapport de 250 pages sur La Poste. Une fois n’est pas coutume, leurs recommendations vont de pair avec la stratégie de l’entreprise scrutée.
À lire le rapport de la Cour des Comptes, on aurait dit qu’il a été écrit de concert avec la direction de La Poste. Hypothèse certes invraisemblable, mais le discours tenu par les Sages s’apparente fortement à celui de Philippe Wahl, le PDG du groupe. Tous les deux retiennent la baisse du volume du courrier pour motiver la nécessité de baisser les coûts, et ce, par différents moyens.
Réduire les coûts
La Cour des Comptes valide la politique de La Poste de fermer les bureaux de poste qui ne seraient pas rentables. Ainsi, les Sages recommandent de poursuivre ces fermetures en zone urbaine en le remplaçant par des « points de contact ». En d’autres mots, certains Français devront bientôt prendre l’habitude d’aller à la supérette du coin pour envoyer des courriers et retirer leurs colis. Une solution certes douleureuse tant pour les usagers que pour les personnels de La Poste, mais une solution nécessaire, selon les Sages. En effet, en 2015, La Poste n’a toujours pas réussi à atteindre un équilibre financier : 61 % de son résultat d’exploitation était dû au versement de fonds publics. Autant dire que les économies voulues à la fois par la direction du groupe et par les Sages sont drastiques.
Un effort sur le personnel
La Cour des Comptes poursuit son discours de « bon père de famille » économe en préconisant la poursuite des suppressions de postes. La Poste devrait « poursuivre la baisse des effectifs et maîtriser l’évolution des rémunérations », selon le rapport des Sages. Rappelons que la Poste fait déjà des économies de taille sur ses personnels et garde les salaires des facteurs à un niveau très bas : le système est à peine vivable, selon de nombreux postiers. Mais la Cour des Comptes est un organisme dont la vocation même est de raisonner en partant du principe d’économie des deniers publics : difficile d’en attendre une lecture diffénte des problèmes de La Poste. Par ailleurs, les Sages n’envisagent pas la possibilité pour l’entreprise d’augmenter indéfiniment le prix du timbre. Vous avez compris le message : la croissance devra être stimulée par d’autres moyens. Le développement et la commercialisation de produits et services numériques en est un, les services de proximité, notamment à l’attention des personnes âgées, en est un autre.
Réagissant au rapport des Sages dans un entretien publié dans Le Figaro de ce matin, Philippe Wahl, le PDG de La Poste, affirme que le choix « d'une adaptation progressive, négociée et continue, est le bon ». Quant aux plaintes des postiers sur leurs conditions de travail insupportables, à nouveau mises en avant lors de la grève du 8 décembre dernier, Philippe Wahl n’y répond pas, précisant que 1 000 postes en ressources humaines de proximité ont été créés au sein de La Poste. Autant dire soigner un mal présent, tout en continuant à l’induire ?