Dans son rapport annuel, la Cour des comptes étrille la politique du gouvernement en matière de gestion des finances publiques. Les magistrats estiment la situation « préoccupante ».
Le gouvernement n'a pas reçu que des fleurs de la part des sages de la rue Cambon, loin de là. Le rapport annuel de la Cour des comptes égratigne la gestion des finances publiques par l'exécutif, notamment leur redressement, aujourd'hui « quasiment à l'arrêt » alors qu'il avait été « très graduel » ces dernières années. Le gouvernement fait montre d'une ambition « limitée », ce qui limite les marges de manœuvre pour mener la politique qu'il entend mener. Des marges qui seront pourtant très utiles « en cas de récession ou d'autre choc majeur », relèvent les auteurs du rapport. Ils ont sans doute en tête le coronavirus qui fait peser un risque important sur l'activité mondiale et donc, l'économie française. La Cour des comptes déplore que le choix du gouvernement a été « d'accroître encore les mesures de baisses d'impôts », qui ne sont compensées que « très partiellement » par des mesures d'économies.
Une dépense publique mal maîtrisée
Depuis la fin de l'année 2018, le gouvernement a effectivement ouvert les vannes de la dépense publique pour répondre aux exigences sur le pouvoir d'achat des « gilets jaunes ». Des mesures d'allègement des prélèvements obligatoires ont suivi en 2020 : 5 milliards de baisse pour l'impôt sur le revenu, 3,7 milliards pour la taxe d'habitation, 2,7 milliards pour l'impôt sur le revenu… En tout, plus de 10 milliards d'euros qui sont autant de recettes en moins pour les finances publiques. Le ministère de l'Économie fait miroiter un déficit public de 2,2% cette année, son niveau le plus faible depuis 2001 alors qu'il s'est établi à 3,1% du PIB en 2019.
Un déficit public au plus bas
Mais la Cour des comptes objecte que cette baisse est en trompe l'œil : c'est le « contrecoup technique de la transformation du Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) ». Le CICE s'est effectivement mué en baisse pérenne des charges, ce qui a pesé sur le déficit public de manière temporaire. Dans sa réponse, Bercy admet que le rythme de rétablissement des finances de l'État a été « ajusté » suite à la crise des « gilets jaunes », mais que le volume des dépenses n'augmentera que de 0,7% en 2020.