L'EPR de Flamanville est un cas d'école malheureux : un projet trop cher, mal né et mal construit ! La Cour des comptes pointe dans un nouveau rapport tout ce qui ne va pas avec le réacteur nucléaire de nouvelle génération.
Sans se prononcer sur la validité de la technologie EPR, la Cour des comptes s'est concentrée dans son dernier rapport sur le retard et l'accumulation des coûts du réacteur nucléaire de Flamanville. EDF a débuté la construction du réacteur 3 en 2007, avec la promesse d'une livraison en 2012. Il faudra finalement attendre jusqu'en 2023 pour la mise en route ! Ce retard est particulièrement coûteux : la facture initiale était de 3,8 milliards d'euros, finalement cet EPR va coûter 12,4 milliards, que EDF et l'État vont devoir éponger. Une catastrophe industrielle et technologique qui prend ses racines dès le début du projet : l'initiative franco-allemande lancée en 1989 perd le partenaire allemand dès 1998, avec l'arrivée des Verts au gouvernement. Le chantier devenait soudain plus complexe.
Concurrence entre EDF et Areva
Mais les Sages pointent surtout dans leur rapport la concurrence interne entre EDF et Areva. Les deux entreprises ont investi du temps et des ressources sur les mêmes sujets, alors qu'il aurait été plus avisé de mettre les compétences en commun afin d'avancer plus vite. « Cette compétition entre les deux entreprises n'a pas été arbitrée par les pouvoirs publics et a conduit, dans une sorte de surenchère, au lancement précipité des chantiers de construction des deux premiers EPR [à Flamanville et à Olkiluoto en Finlande] », expliquent les auteurs. EDF a voulu construire le réacteur en 54 mois, alors que les générations précédentes demandaient 121 mois.
Aller trop vite
En voulant aller plus vite, EDF s'est pris les pieds dans la complexité de la construction d'un tel réacteur. L'entreprise accuse aussi un défaut de pilotage qui résulte d'abord de la confusion entre « maîtrise d'ouvrage et maîtrise d'œuvre ». Il a fallu attendre 2015 pour qu'une équipe dédiée au projet se mette en place au sein du groupe. La Cour des comptes recommande de tirer les leçons de cet échec de la filière EPR, en vue des futurs réacteurs de nouvelle génération que le gouvernement pourrait vouloir construire à l'avenir.