François Hollande et Manuel Valls grimpent dans les sondages après l'affaire Charlie Hebdo. Pour autant, sur le plan économique, les Français ont la dent dure contre l'action du Premier ministre. D'après un sondage Tilder-LCI-Opinion Way, 61 % d'entre eux sont mécontents de son action pour redresser le pays.
La majorité des Français reste donc opposée à l'action du chef du gouvernement en matière économique. Sur ce plan là, d'après un sondage Tilder-LCI-Opinion Way publié jeudi 22 janvier, ils en sont même mécontents à hauteur de 61 % d'entre eux. Pourtant le Premier ministre gagne 10 points d'opinions favorables sur ce sujet, en l'espace de six mois. Cela ne veut pas dire que la confiance est acquise.
Politique économique : les Français ont envie d'avoir confiance
Plus exactement, cela démontre que les Français ont "envie" d’être satisfaits et d’avoir confiance. Le gouvernement partait de loin mais un bond de 10 points est un phénomène d’autant plus remarquable qu’il n’a pas été question, ou presque, de sujets économiques et sociaux depuis des jours étant données les circonstances. A peine la discussion sur la Loi Macron a-t-elle eu le droit de cité. C’est d’ailleurs un des enseignements de ce sondage : quand le récit quotidien des difficultés économiques fait une pause médiatique, l’opinion semble réagir positivement.
François Hollande doit convaincre sur le plan économique
C’est la théorie de ceux qui plaident pour le retour de l’optimisme et la valorisation des bonnes nouvelles. L’autre enseignement, c’est l’effet de l’action et des résultats. C’est là-dessus que François Hollande va devoir essayer de capitaliser. Lors de la phase des attentats, il a conquis les attributs de la décision, du courage, de la présence et du leadership. Jusqu’à présent, aux yeux des Français, ces qualités lui faisaient défaut. Maintenant, c’est au Président de faire fructifier ces atouts pour en faire des leviers de conviction en matière économique et sociale.
63 % des Français favorables à un gouvernement d'union nationale
L'autre question du sondage portait sur l'opinion qu'ont les Français d'un hypothétique gouvernement d'union nationale, sur les grandes réformes économiques du pays. Le résultat tombe sans appel. Les personnes interrogées sont 63 % à l'appeler de leurs voeux, contre 35 % qui y restent opposés. C’est le rêve des Français. Un rêve qui n’est pas nouveau et sur lequel s’est construite, par exemple, la stratégie politique et de communication de François Bayrou ou qui a justifié les ouvertures à droite ou à gauche d’un François Mitterrand et d’un Nicolas Sarkozy.
Un scénario peu envisageable en matière économique et sociale
Même après la séquence d’union nationale que nous venons de vivre, difficile de croire en ce rêve en matière économique et sociale. D’autant moins d’ailleurs que nous sommes dans une année doublement électorale, avec les élections départementales et régionales et que 2017 est déjà dans toutes les têtes. S’il va falloir du temps pour savoir si la France a changé véritablement, ce résultat montre néanmoins que les Français, eux, souhaitent que ça change. Ils veulent mettre fin aux blocages et que des réformes importantes se fassent par le consensus. C’est le message qu’ils envoient et c’est la responsabilité des politiques de l’entendre.
Cela leur pose une équation de communication difficile à résoudre : comment recréer des clivages pour remobiliser leur électorat sans pour autant négliger le discours d’union nationale pendant encore quelque temps ? En communication, c’est une phase aussi complexe que la crise elle-même et qui s’appelle la sortie de crise. Manuel Valls a dégainé le premier avec son expression sur "l’apartheid territorial" et, hier soir, Nicolas Sarkozy lui a répondu en se disant "consterné" par cette expression. Ils ont sonné le retour de la politique et de la communication partisane.
Fiche technique : Sondage réalisé les 21 et 22 janvier 2015 selon la méthode des quotas auprès d'un échantillon de 1012 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus