Chine : contre la corruption, la solution c’est la délation estime Pékin

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 3 septembre 2013 à 5h43

La corruption reste un des problèmes principaux du régime chinois et le gouvernement est en pleine campagne pour éradiquer ce fléau. Le Parti communiste vient de lancer une nouvelle arme très particulière qui risque à la fois d’être efficace et dangereuse : un site web où dénoncer les faits de corruption.

Une idée du puissant dirigeant du comité de discipline du parti, Wang Qishan, qui espère ainsi rendre la confiance aux investisseurs étrangers.

La délation comme arme de « dé-corruption » massive

Les chinois vont pouvoir dénoncer la corruption par un simple site web lancé le 1er septembre 2013 par le Parti communiste au pouvoir. Une manière de s’attaquer aux personnalités puissantes contre lesquelles le régime est souvent accusé de ne rien faire faute de miner la stabilité du pays. Mais depuis quelques temps les choses ont changé et les dirigeants chinois ont du souci à se faire.

Les représailles risquant d’être au rendez-vous, on parle tout de même de corruption et de personnages haut placés, les citoyens peuvent faire de la délation en toute tranquillité. Le site permet de dénoncer en tout anonymat. Une première dans un pays où Internet est très contrôlé.

La Chine en guerre contre les dirigeants corrompus

Le fait que la Chine ait tendance à ne pas s’attaquer à ses propres dirigeants entraîne une méfiance de la part des étrangers et, notamment, des investisseurs. Il faut dire que bien que les chiffres officiels soient bas, en 2011 16 000 cadres se seraient volatilisés après avoir reçu des pots-de-vin, selon le professeur Minxi Pei de l’Université Claremont McKenna de Californie.

Mais les temps ont changé et la Chine veut redorer l’image de sa classe dirigeante. Au début de l’été, Liu Tienan, un des vice-présidents de la très puissante commission de planification économique, était relevé de ses fonctions et le service est réorganisé par le pouvoir. Fin août, c’est au tour de la compagnie pétrolière publique PetroChina d’être au centre d’un scandale de corruption avec le remerciement de quatre dirigeants et une réorganisation profonde.

Et la série continue montrant l’ampleur du plan de réorganisation du pouvoir en Chine que le Parti Communiste est en train. Dimanche 1er septembre 2013, c’est au tour de Jiang Jiemin, ancien président de PetroChina en charge de superviser les participations de l’Etat dans les entreprises, d’être au centre d’une enquête pour corruption de la part des autorités.

Un « dossier explosif » avant la fin de l’année ?

Pékin ne semble pas s’arrêter là. En plus de ce site web prônant la délation, les hautes sphères vont probablement devoir gérer prochainement ce qui pourrait être le dossier le plus épineux depuis le début de la campagne anti-corruption. Car un nom pourrait être au centre de tout.

Il s’agirait, selon le journal South China morning post, de Zhou Yongkang. Ancien membre permanent du Bureau politique, ancien dirigeant de PetroChina, vice-ministre de l’industrie pétrolière et à la tête des services secrets chinois durant 10 ans, Yongkang pourrait tomber. Du fait de sa puissance et les informations qu’il détient, la chute de Zhou Yongkang pourrait faire l’effet d’une véritable bombe au sein du pouvoir

Si c’est là une forte preuve de la volonté du gouvernement d’assainir sa classe dirigeante, Zhou Yongkang pourrait entraîner avec lui bien d’autres personnalités publiques et devenir le plus gros scandale de corruption auquel la Chine aura dû faire face.

Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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