Le bien nous le faisons, le mal c’est la Fortune,
On a toujours raison, le destin toujours tort.
Le gouvernement navigue à vue
Aussitôt la sidération passée, nous retournons vers nos démons en faisant mine que la situation est sous contrôle. S’il y a une chose à retenir de la crise sanitaire du coronavirus, c’est bien l’impréparation et l’impossibilité de nos élites à voir plus loin qu’une tempête dans un verre de réseaux sociaux. Personne ne peut croire que l’exécutif n’est pas dans la panique. Le décret du confinement national, à rebours de tous les messages envoyés par les ministres jusqu’à la veille, montre à quel point toute l’administration et les élites ont été prises de court.
Une révolution en vue ?
L’absence de masque, les stocks ayant été détruits il y a quelques années, les querelles intestines autour de la chloroquine, les mesures indécentes pour sauver la finance, alors que la crise est d’abord économique — contrairement à la crise de 2008 -, le sabordage de l’économie réelle, qui fera certainement plus de morts silencieux que le coronavirus… Il ne manque plus qu’une étincelle pour provoquer une révolution ou une guerre civile. Et, soyons réalistes, c’est une possibilité qu’on ne peut plus écarter. Rappelons que la crise de 2008 a été le déclencheur des printemps arabes, mais pas la cause. Les causes sont toujours bien plus profondes que l’élément perturbateur.
En dépit des efforts du gouvernement pour les rassurer, il est facile pour les entrepreneurs de se sentir laissés pour compte. Les assurances, chères, que l’on paye pour parer au pire, ne payent pas. Les mesures mises en place ne couvriront jamais le manque à gagner occasionné par cette période, et sont dérisoires par rapport aux aides consenties au secteur financier. Il faut signaler que de nombreux entrepreneurs sont « hors radar », parce qu’ils n’ont jamais sollicité d’aide et ne sont jamais entrés dans le « jeu » administratif. Il est bien tard pour eux pour le faire. Leur colère, demain, risque d’être bien supérieure à celle des Gilets jaunes.
Un gouvernement en panique
Pire, il existe un doute grandissant sur la capacité des pouvoirs publics à gérer la crise. Et, le cas échéant, à écarter les incompétents. En 1914, le général Joffre a envoyé une grande partie des généraux aller planter des choux à Limoges pour les écarter, en raison de leur incompétence.
Le véritable danger, c’est qu’en n’écartant pas les responsables de l’impréparation française, le gouvernement court le risque de produire des décisions infondées, ou plutôt fondées sur l’autojustification ou l’envie de se protéger. Deux exemples le montrent.
Le premier est la valse-hésitation sur la chloroquine, qui a fini par aboutir à un… sondage pour mesurer la popularité de ce qui est présenté, à tort ou à raison, comme un « remède miracle », au sein de la population française. Comme si la popularité d’un médicament avait le moindre droit de cité dans un débat qui est, avant tout, médical et thérapeutique.
Le second est l’incertitude sur la mise en place des masques et des tests, l’exécutif préférant communiquer sur… les applications de tracking individuel. Tous les programmeurs, dont je suis, vous le diront : cette application aura beaucoup de mal à marcher, et il y a une forte chance qu’elle ne serve à rien. Et pour cause : on ne sait pas réellement comment le virus se propage, les chercheurs divergent son temps de survie, ou sa contagiosité dans l’environnement, et la durée pendant laquelle les malades guéris demeurent contagieux, sans parler des malades asymptomatiques qui, excusez du peu, représenteraient a minima 30% des cas. Qui cette application pourra-t-elle donc réellement aider ? Et comment ? A quoi pourra-t-elle servir ? C’est une bombe politique qu’on balance, sans précaution, en plein « plateau » épidémique.
Pour paraphraser Churchill, si le gouvernement continue dans cette voie, il aura provoqué la crise économique pour éviter la crise sanitaire. Et il finira par avoir les deux. Plus une révolution ! Car les Français ont, dans leur histoire, une solution pour sortir de la crise et sanctionner leurs dirigeants. C’est le coup de force, ou plutôt le coup de balais. Jamais nous n’en n’avons été aussi proches. Jamais nous n’avons dansé aussi près de l’abîme.