Coronavirus et Airbnb : une crise immobilière pire que celle de 2008 aux USA ?

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 6 avril 2020 à 9h42
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10%On estime à 10% les crédits immobiliers qui n'avaient pas été remboursés lors de la crise de 2008 aux États-Unis.

Vous vous souvenez de la crise économique de 2008 liée aux subprimes, ces prêts immobiliers toxiques ? Elle avait causé la crise économique mondiale que tout le monde connaît. Vous pensiez que les Américains ont appris la leçon ? En fait non… et c’est la faute à la Silicon Valley et ses salaires mirobolants, ainsi qu’à la bulle immobilière liée à Airbnb et consorts. Et maintenant Moody’s s’inquiète : la crise immobilière liée au coronavirus risque d’être pire que celle des subprimes. Et pas qu’un peu…

Jusqu’à 30% des crédits immobiliers pourraient ne pas être payés

L’analyse de Moody’s sur la situation économique américaine fait froid dans le dos… et elle vient Mark Zandi, analyste en chef de l’agence de notation. Selon lui, c’est simple : jusqu’à 30% des crédits immobiliers en cours aux États-Unis pourraient ne pas être remboursés. Or, une petite comparaison s’impose.

Toujours selon Moody’s, lors de la crise économique de 2008, seulement un peu plus de 10% des crédits immobiliers n’avaient pas été remboursés. Si on suppose que le nombre de crédits immobiliers n’a pas changé entre 2008 et 2019, le coronavirus représente un risque trois fois supérieur de faillite personnelle.

Or, cette stabilité est loin d’être le cas : comme en France, aux États-Unis les taux des crédits ont également baissé ce qui a poussé de nombreux Américains à faire un crédit pour en profiter. Surtout qu’un autre phénomène était en cours : la « bulle Airbnb ».

Airbnb et consorts : une bulle qui va exploser

Les locations temporaires avaient, en 2019, le vent en poupe, au point de permettre à Airbnb, qui n’est pas cotée en Bourse, d’avoir une capitalisation estimée à plus de 50 milliards de dollars, soit plus que Marriot, première chaîne hotellière du monde. Les locations temporaires se multipliaient et les prix explosaient… et certains ont tenté de profiter du marché.

De nombreux investisseurs semi-professionnels aux États-Unis ont tout simplement acheté un bien immobilier exclusivement pour le louer sur les plateformes de type Airbnb et payaient leur crédit avec ces revenus. On estime à environ 8 millions le nombre d’Américains gérant entre une et dix propriétés immobilières exclusivement dédiées à la location (temporaire et non)… Ce qui représenterait près de 50% des locations aux États-Unis et près de 48 millions de locataires.

Le problème est le suivant : leur statut de semi-professionnels de la location fait qu’ils n’ont pas de cash-flow ou d’autres investissements pour palier à une éventuelle baisse des revenus locatifs. Et cette baisse est inévitable : les chiffres du chômage ont explosé, ce qui signifie que les locataires de longue durée risquent de ne pas pouvoir payer leur dû… et que les locations temporaires ne seront plus au rendez-vous durant longtemps, les vacances étant la première dépense sacrifiée en temps de crise.

Sur Internet, les propriétaires sont inquiets

Ainsi, sur les forums spécialisés de ces multi-propriétaires, l’inquiétude monte : à mesure que l’épidémie de Covid-19 se répand aux États-Unis, leurs réserves de cash, souvent légères, s’amenuisent. Nombreux sont ceux qui estiment déjà qu’ils ne pourront plus payer leur crédit.

Et pas question de compter sur la revente du bien immobilier pour épancher les dettes : le prix de l’immobilier devrait chuter à la suite de la crise, le marché risquant de s’arrêter durant quelques temps un peu partout dans le monde.

Résultat : des crédits impossibles à rembourser, parfois plusieurs crédits en même temps. Ça ne vous rappelle pas quelque chose ?

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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