Bien que la crise sanitaire continue de causer des soucis aux Français et au gouvernement, laissant supposer que la campagne présidentielle n’a pas encore commencé, l’affaire du contrôle technique des deux-roues prouve le contraire. Sans compter le contrôle de l’Urssaf au Rassemblement national, où des irrégularités pour près de 10 millions d’euros dans les paiements des cotisations ont été découvertes…
Contrôle technique des deux-roues : c’est oui ou bien c’est non ?
Contrairement aux voitures, camions et autres poids lourds, les motos, scooters, trois-roues et voiturettes n’ont jamais eu à passer de contrôle technique. Une différence de traitement que Bruxelles veut éliminer depuis des années. Mais les motards y sont totalement opposés, notamment car cela risque de leur coûter cher, et la France tarde à se plier à la volonté de l’Union européenne.
Toutefois, le 9 août 2021, à la surprise générale, en plein été et alors que le président de la République est en vacances au fort de Brégançon, un décret est publié au Journal officiel : le contrôle technique entrerait en vigueur pour les deux-roues, trois-roues et quadricycles à moteur dès 2023. Un décret d’application publié en catimini… et le début d’un couac gouvernemental.
Forcément, les fédérations de motards et les motards eux-mêmes sont rapidement montés au créneau : si le contrôle technique pour leurs engins finira un jour par être obligatoire, la publication en toute discrétion en plein été d’un décret d’application passe mal.
Emmanuel Macron entre en campagne, suspend la mesure sine die
Publié lundi 9 août 2021, le décret est repéré par la presse le 11 août 2021, et très rapidement l’affaire s’emballe. Mais elle n’aura finalement duré que moins de 48 heures. Emmanuel Macron, le 12 août 2021, fait savoir qu’il suspend le décret. Emmanuel Macron suspend donc un décret d’application visant à faire respecter, à la France, la directive européenne 2014/45.
La raison ? Sans doute pas son amour pour la moto. Mais bien évidemment la Présidentielle 2022 qui approche à grands pas et pour laquelle Emmanuel Macron, candidat non encore annoncé à sa succession, doit déjà composer avec la grogne concernant la crise sanitaire, sa gestion, le Pass sanitaire et la vaccination.
Couac gouvernemental ou stratégie électorale ?
Se mettre à dos les quelque 2,5 millions de motards de France, en hausse constante, à quelques mois de l’élection présidentielle, n’aurait sans doute pas été la meilleure des stratégies. Au contraire, Emmanuel Macron passe ainsi pour celui qui sauve la mise, se mettant en position de force.
D’ailleurs, si le décret est suspendu, c’est en prévision de discussions entre les fédérations de motards et le ministère des Transports. Et puis, rien n’empêchera le gouvernement, une fois réélu, d’adopter à nouveau la mesure en 2022, quitte à ce que le contrôle technique pour les deux-roues n’entre en vigueur qu’en 2024 plutôt que 2023.