Le contrat de génération : le cache-misère du « candidat de la jeunesse »

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Par Jonas Haddad Modifié le 24 janvier 2013 à 0h47

L’Assemblée nationale examine actuellement l’une des mesures phares de François Hollande, candidat et président autoproclamé de la Jeunesse. « Le contrat de génération coûte cher. Je le sais, j'ai essayé. C'est des dizaines de milliers de chômeurs en plus. C’est un formidable effet d’aubaine et tous les syndicats sont contre ». Sans citer de grands penseurs ou experts de droite, le rappel de ce que disait Martine Aubry du contrat de génération pendant les primaires PS est d’une cruelle lucidité.

Si cette mesure est adoptée, elle ne profitera qu’à des grandes entreprises qui peuvent gérer la complexité de la démarche d’exonération de charges et organiser la gestion particulière de ce lien intergénérationnel artificiel. La mesure pénaliserait les PME, en leur imposant des conditions d'embauche contraignantes.

Cette nouvelle et énième mesure de « contrats jeunes » réduit notre jeunesse à sa condition et l’enferme dans une précarité obligée. Or, la jeunesse veut plus d’autonomie, et cette autonomie passe par une meilleure formation professionnelle ou une formation supérieure. D’ailleurs, plus aucune trace de l’apprentissage ou de l’alternance dans les propositions du Gouvernement actuel.

Un vrai président de la jeunesse ne devrait avoir au cœur qu’une seule chose : aider chaque jeune à conquérir son autonomie, à ne pas rester sous perfusion.

Le seul objectif qui devrait guider ce gouvernement devrait être d’accompagner chaque jeune dans la réalisation de son potentiel, lui donner les moyens de prendre place dans notre société, là maintenant, pas demain en le faisant patienter avec une « béquille ».

Or, la seule solution structurelle aujourd’hui proposée est le « contrat de génération » une mesure d'affichage, une annonce marketing qui ne s'attaque pas aux problèmes de fond qui sous-tendent le chômage des jeunes et des seniors. Une mesure marketing qui coûte très cher et accroit la dette payée dans quelques années par…des jeunes devenus moins jeunes.

Certes, le contrat de génération part d’une bonne intention : le lien intergénérationnel. Il offre une incitation à embaucher un jeune tout en maintenant un senior dans l’emploi. Pourtant, il ne s’attaque pas aux raisons pour lesquelles les entreprises hésitent à embaucher un jeune ou un senior.

Les seniors sont poussés à la porte des entreprises lorsqu’on considère qu’après 55 ans le senior n’y a plus sa place. C’est la même logique qui infusait le mouvement contre la réforme des retraites qui ne tenait pas compte de l’allongement de la durée de vie et de la vitalité des « quinquas ». A ce jour, toujours rien n'est fait pour améliorer leur employabilité. Deux entreprises sur trois n'investissent pas dans la formation professionnelle des seniors et une majorité d’entre eux ne fait pas non plus de bilan de compétences et n’anticipe pas leur reconversion professionnelle.

Les jeunes de leur côté sont toujours exclus du marché du travail de par sa rigidité. Le récent accord entre les partenaires sociaux qualifié d’ « historique » n’a fait qu’épaissir notre code du travail. Les derniers indicateurs montrent l’ampleur de la gravité du chômage chez les jeunes. Dans le désormais célèbre modèle insider/outsider, les jeunes outsiders sont exclus du rigide marché du travail. Ils sont aussi exclus de toute protection individuelle car même en accédant à un emploi, leur ancienneté ne leur assure pas de protection suffisante. Ils sont exclus de toute protection collective car il n’existe toujours pas de syndicats de stagiaires, de précaires ou de CDD qui pourrait protéger les jeunes comme les syndicats des salariés « classiques ».

La France accumule donc tous les inconvénients pour ses jeunes comme ses seniors.

Finalement, cette mesure constitue un non-sens économique et sociologique. Vouloir rapprocher les générations est une intention louable mais le Gouvernement se trompe de remède. Dans une économie de la connaissance et de l'innovation, la transmission du savoir ne peut pas être assurée uniquement par l'expérience d'un employé senior.

Celui qui se présentait comme le président des jeunes ne propose pas de solution durable pour enrayer le chômage grandissant dans notre pays chez des jeunes à qui on offre une succession de mirages. Ce qu’il faut désormais c’est générer de l’emploi plutôt que de générer encore des contrats.

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Jonas Haddad est avcat associé chez Alto Avocats.

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