Les élections présidentielles approchant, les acteurs politiques usent de tout leur savoir-faire pour séduire les entreprises avec force propositions pour revaloriser l’échiquier entrepreneurial national.
Le contexte dans lequel nous nous trouvons somme chacun à argumenter tant pour favoriser le retour à l’emploi que pour (re)valoriser les fleurons industriels au niveau national, puis international. Si cela est vrai pour les industries dites historiques, ça l’est également pour les industries des secteurs d’avenir.
Afin de préserver sa place ou devenir un fleuron sur la scène internationale, il est nécessaire d’accorder autant d’importance politique aux unes qu’aux autres. C’est, en effet, grâce au soutien de l’Etat que ces fleurons écloront et s’épanouiront dans leur environnement, renforçant du même coup la puissance de cet Etat. Et c’est bien à ce stade que la France peut s’améliorer aujourd’hui…
Que sont devenus nos fleurons historiques français ?
L’âge d’or des fleurons français semble être d’un autre temps ; celui où les groupes français étaient rythmés par des fusions-acquisitions de groupes étrangers de plusieurs centaines de milliards d’euros. Le rachat de Square D par Schneider Electric et de Genzyme par Sanofi faisaient la fierté nationale. Mais en quelques années, notre industrie française est passée du statut de prédateur reconnu à celui de proie de choix. Pour preuve, avec deux grands groupes français côtés au CAC40 : Arcelor et Alstom. Ces deux entreprises sont les exemples-types des failles présentes dans la stratégie française de protection de ses fleurons. A quoi devons-nous cette situation ? Les facteurs sont nombreux : la mondialisation, la montée en puissance des pays comme la Chine, l’Inde… induit une concurrence toujours plus rude et la crise de 2008.
L’Etat a toujours eu un rôle primordial et reconnu dans le maintien et le rayonnement de ces grands groupes. Mais notre système industriel trop centralisé a montré ses faiblesses lorsque le gouvernement a voulu faire des économies. Par conséquent, la mobilisation étatique vis-à-vis de ses fleurons a progressivement diminué et dans certain cas devenu complètement absente. Résultats : la branche la plus fructueuse Alstom (turbines nucléaires) a été « cédée » à l’américain General Electrics ; Arcelor, sans qu’on ne pense cela possible, a été racheté par l’indien Mittal.
Ces pertes successives de grands groupes français à l’influence mondiale provoquent, du même coup, un affaiblissement de la France sur la scène internationale. En effet, l’influence et le poids d'un pays se mesure aussi par l'importance de son arsenal industriel. Ainsi, si l’on veut rétablir notre force industrielle, il convient de mettre en avant notre patriotisme économique et ainsi de soutenir politiquement nos fleurons industriels, comme cela semble fonctionner au regard des cas de Ford pour les Etats-Unis ou de Gazprom pour la Russie. Il est donc temps à la fois de penser à consolider nos bases qu’à revoir nos atouts français et parier sur de nouvelles industries…
Misons sur les entreprises des secteurs d’avenir !
La disparition de grands noms de l'industrie serait moins dramatique si elle se doublait d'un renouvellement du CAC 40 avec de nouveaux acteurs, notamment des secteurs d’avenir comme, par exemple, de celui du numérique. Mais pour l’instant, ce dernier semble avoir une place minime dans l’économie nationale comme en bourse. Rares sont les entreprises françaises du numérique que l’on pourraient qualifiée de fleurons de l’économie notamment, en autre, parce qu’elles n’ont pas assez de poids. On parle ici de la même problématique que précédemment : le manque de soutien – et d’intérêt ? – imputables aux investisseurs nationaux et, en premier lieu, à l’Etat français. Par conséquent, ces entreprises sont sous voire non-valorisées en bourse alors que leurs chiffres sont impressionnants. Par exemple, les 100 premiers éditeurs français de logiciels voyaient en 2015 leur chiffre d’affaires progresser de 9 % en un an. C’est 6 points de mieux que la croissance enregistrée en 2014. De plus, les profits cumulés de ces 100 éditeurs frôlaient 1,2 milliard d’euros, contre moins de 600 millions en 2014.
Mais la première contrepartie de ce succès et de ce manque d’intérêt français, c’est que ces sociétés sont de plus en plus attirées par les puissances étrangères comme les Etats-Unis qui leur propose ce dont elles ont besoin, comme une entrée en bourse. La deuxième contrepartie de ce manque de valorisation entraîne inexorablement et indirectement un manque pour l’Etat qui s’affaiblit sur la scène internationale. L’Etat français se retrouve alors face à des puissances qui possèdent un vrai arsenal industriel qui ne cesse de prendre du poids avec ces nouvelles pépites de la filière du numérique.
Dans le monde des affaires, c’est une véritable bataille qui sévit entre les pays. Chacun souhaite trouver son fleuron à valoriser sur la scène internationale afin qu’il devienne la référence du secteur. Mais la France, aujourd’hui, ne pas semble avoir pris la pleine mesure de cet enjeu, ne soutenant pas ses entreprises aussi bien historiques que des secteurs d’avenir. Ainsi, laisser fleurir les entreprises de tous secteurs sur le sol français, c’est bien. Les soutenir pour les valoriser au maximum, c’est encore mieux. Faire les deux dans un contexte économique comme le nôtre, cela est nécessaire voire urgent si nous ne voulons pas se laisser distancer par les puissances étrangères établies et émergentes.