Conforama racheté par BUT : un risque pour la concurrence

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 29 avril 2022 à 14h47
Conforama But Acquisition 2
@shutter - © Economie Matin
3,5 MILLIARDS €Le chiffre d'affaires du nouvel ensemble BUT-Conforama est de 3,5 milliards d'euros.

L’Autorité de la Concurrence a donné son feu vert à l’opération : le spécialiste du mobilier Conforama a pu être racheté par son concurrent BUT, ou plutôt sa maison-mère Mobilux. Une opération qui a été validée dès 2020 sans aucun engagement de la part du repreneur, grâce à une exception créée en 2009 mais qui n’avait jamais été utilisée depuis. Et pour les consommateurs, ce n’est pas forcément une bonne nouvelle.

Exception de l’entreprise défaillante : un rachat sans conditions pour sauver l’emploi

En très mauvais état financièrement, Conforama a trouvé en 2020 un repreneur auprès de son concurrent Mobilux. Une opération qui s’est déroulée de manière exceptionnelle : dès le 17 juillet 2020, l’Autorité de la Concurrence a autorisé l’opération sans que celle-ci nécessite la fin de l’examen des risques pour la concurrence en France. Dans les faits, donc, Conforama a déjà été rachetée par BUT.

Mais malgré l’autorisation, exceptionnelle, l’Autorité de la Concurrence a mené son analyse dont elle a rendu publics les résultats le 28 avril 2022. Elle a estimé qu’il existe des risques pour la concurrence dans plusieurs domaines, mais malgré ça, le rachat est validé. La raison ? L’invocation de « l’exception de l’entreprise défaillante ».

Le principe est le suivant : lorsqu’une entreprise risque de disparaître à court terme et qu’un projet de reprise viable est présenté, l’Autorité de la Concurrence peut autoriser l’opération pour sauvegarder l’emploi, malgré les risques pour la concurrence sur le territoire. Créée en 2009, cette exception n’avait néanmoins jamais été utilisée depuis.

Plusieurs risques pour les consommateurs face à la concentration des points de vente

L’analyse finale de l’Autorité de la Concurrence a identifié, malgré tout, trois risques majeurs pour la concurrence en France, et donc pour les consommateurs. Pour commencer, une fois le rachat finalisé, le nouvel ensemble représentera près de 50% du marché de la literie en France. Les fournisseurs risquent de se retrouver « en état de dépendance économique » vis-à-vis de BUT qui pourrait imposer certains prix ou conditions.

Les franchisés aussi sont à risque : le nouveau groupe deviendra le seul franchisé dans le domaine de l’ameublement en France. De quoi, selon l’Autorité de la Concurrence, présenter un danger de dégradation des « conditions contractuelles » ou encore un « risque d’augmentation de la redevance ».

Dernier risque pour le marché : des « chevauchements d’activité » dans 56 « zones », soit typologies de produits.

Les consommateurs vont-ils payer le prix fort ?

Si l’opération a permis d’éviter la disparition de 170 magasins Conforama, qui risquaient de fermer, et donc de sauvegarder l’emploi, le rachat par BUT n’est donc pas exempté de risques pour la concurrence. Or, cette dernière est fondamentale pour que les consommateurs puissent bénéficier des meilleurs prix et du meilleur choix.

La concentration représentée par l’opération pourrait donc se révéler mauvaise pour les ménages français qui se retrouvent dans une situation où le principe de « faire jouer la concurrence » devient beaucoup plus compliqué.

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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