Pourquoi la France manque de compétitivité

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Par Jean-Marc Daniel Modifié le 29 octobre 2012 à 6h22

Les rapports sur la compétitivité s’accumulent et le déficit extérieur de la France se cumule. On peut penser qu’il serait enfin temps d’agir et non plus de publier. Mais le problème est-il, malgré tous ces rapports, aussi bien analysé qu’on pourrait l’espérer ?

Souvent les commentateurs affirment que notre pays manque de compétitivité à cause de sa situation durable de déficit extérieur. Il s’agit d’une façon un peu prétentieuse de dire que nous n’exportons pas assez. Comme au bon vieux temps du mercantilisme, la balance de commerce est en passe de devenir le mètre étalon de notre politique économique.

Pourtant, les mercantilistes durent quitter le devant de la scène quand on comprit que tout le monde ne peut pas être exportateur net ; et quand en outre, on comprit qu’un déficit repose sur une comparaison entre des exportations que l’on a du mal à contrôler et des importations qui dépendent directement du pouvoir d’achat distribué dans le pays. Car en fait, un pays est en déficit extérieur parce qu’il consomme trop, c'est-à-dire qu’il n’épargne pas assez.

La vision des relations économiques internationales héritée des mercantilistes et de leurs fantasmes sur la "balance de commerce" est partielle voire partiale. Jacques Rueff écrivait naguère "Les hymnes à l'exportation ne sont que stupidité et mensonge. Ils supposent de n'avoir pas conscience de l'inanité de toute distinction entre commerce intérieur et international." Selon la théorie économique, le déficit extérieur s’interprète comme un manque d’épargne et non une faiblesse exportatrice.

Cela s’écrit (S-I) + (T-G) = X-M, où S est l’épargne, I l’investissement, T les impôts, G les dépenses publiques -et donc T-G le déficit budgétaire- et enfin X-M le déficit de la balance des paiements courants. La France est en déficit extérieur parce qu’elle a désappris l’épargne. Et singulièrement l’épargne publique. Or apparemment, le rapport Gallois ne répond qu’en partie à ce problème. Il concentre les mesures en faveur des entreprises sur le coût du travail alors que la réduction du déséquilibre extérieur passe par une baisse de la consommation.

Dès lors le risque est grand de passer à côté de l’enjeu réel qui est que notre économie est en panne d’investissement. Le rétablissement de la situation exige un renforcement des moyens financiers des entreprises sur la base de leur volonté d’investir. C’est pourquoi, le gouvernement anglais, confronté au même type de difficultés que la France, baisse l’impôt sur les sociétés. En France l’obsession de l’emploi à court terme finira par pénaliser la croissance à long terme et donc l’emploi durable.



On oublie que c’est un social-démocrate –Helmut Schmidt- qui a énoncé la formule: "les profits d’aujourd’hui sont les investissements de demain et les emplois d’après demain". Quant au strict aspect du coût du travail, il faut avoir en tête que c’est un prix et qu’un prix se détermine sur un marché et non pas dans les couloirs des ministères sur la base de rapports administratifs. Le "bon coût" du travail, le niveau de salaire optimal- sera atteint quand il y aura dans ce pays un vrai marché du travail, c'est-à-dire quand sera en place la flexibilité dont le président de la République a parlé récemment sur TF1.

Bref nous avons besoin de flexibilité et de réduction des impôts sur les entreprises, baisses d’impôts qui doivent être financées par des baisses de dépense publique et non par un nouveau coup de matraque fiscale.

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Jean-Marc Daniel enseigne l’économie à l’ESCP Europe. Chroniqueur au journal « Le Monde » et sur « BFM Radio », il dirige également la revue « Sociétal ». Il est également l’auteur de : « Le taureau face aux tigres » aux Editions Pearson « Histoire vivante de la pensée économique » aux Editions Pearson

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