La croissance économique est au rendez-vous en France, et le marché du travail connaît une embellie progressive. Pour autant, le nombre de personnes au chômage depuis plus de 12 mois reste élevé, et les jeunes sont nombreux à occuper des emplois temporaires, qui leur offrent peu de perspectives d’emploi à long terme et de possibilités de formation. Pour stimuler la création d’emplois et la croissance, la France doit améliorer l’égalité d’accès à un enseignement et une formation de qualité et promouvoir une meilleure utilisation des compétences, selon un nouveau rapport publié par l'OCDE.
Il ressort en effet du rapport Obtenir les bonnes compétences : France que les jeunes et les adultes ayant un faible niveau de compétences à l’écrit et en mathématiques sont plus nombreux que dans la plupart des pays de l’OCDE. L’offre de formations à destination des adultes, et surtout des moins qualifiés, est également restreinte.
En France, seulement 32 % des adultes ont suivi une formation liée à l’emploi au cours des 12 derniers mois (12 % pour les adultes peu qualifiés), contre plus de 55 % dans certains pays européens comme le Danemark, la Norvège et la Finlande, ainsi qu’en Nouvelle-Zélande.
En France, la mise en adéquation de l’offre et de la demande de compétences sur le marché du travail est problématique. En effet, près d’un travailleur sur trois est surqualifié ou sous-qualifié pour l’emploi qu’il occupe, et une même proportion travaillent dans un domaine différent de celui dans lequel ils ont fait leurs études. Les immigrés représentent en outre un vivier considérable de compétences non ou sous-utilisées, leurs taux de chômage et de surqualification étant supérieurs à la moyenne.
Les plus grandes pénuries de compétences sont recensées dans l’enseignement et la formation, l’informatique et l’électronique, l’ingénierie et le domaine des technologies, mais aussi dans des domaines de compétences plus transversales comme les aptitudes à l’oral, la résolution de problèmes complexes et le management.
Pour faire face aux inadéquations et pénuries de compétences, de multiples initiatives ont été mises en place dans le but d’améliorer l’attractivité de l’enseignement professionnel, et des mesures ont été prises pour inciter les employeurs à proposer des contrats d’apprentissage. Dans cette optique, l'OCDE préconise d’adapter le contenu des programmes d’enseignement professionnel afin qu’il soit davantage en adéquation avec les besoins des employeurs, et de veiller à ce que les enseignants de ces filières suivent en permanence l’évolution des pratiques en entreprise. Par ailleurs, il faudrait étendre l’enseignement professionnel à une gamme plus vaste de secteurs, et surtout aux secteurs émergents.
La France a également lancé des initiatives intéressantes afin de promouvoir la formation continue. Par exemple, le compte personnel de formation (CPF) a attiré l’attention à l’échelle mondiale car il assure la portabilité des droits à formation indépendamment de l’employeur et de la situation au regard de l’emploi. Le CPF est également conçu pour répondre aux besoins en compétences en impliquant les régions et les secteurs dans la sélection des offres de formation. Pour inciter les adultes, et surtout les moins qualifiés d’entre eux, à utiliser le CPF, l'OCDE recommande d’en simplifier les modalités. Par ailleurs, pour améliorer la qualité des formations entrant dans le cadre de ce dispositif, l'OCDE propose qu’elles se limitent aux programmes dont la qualité est attestée et soient dispensées par des prestataires certifiés. Les programmes de formation pouvant entrer dans le cadre du CPF devraient aussi être mieux adaptés aux véritables besoins du marché du travail.
L’orientation professionnelle est déterminante pour mieux faire coïncider l’offre et la demande de main-d’œuvre. Dans les établissements scolaires, les services d’orientation professionnelle ont été adaptés afin d’être plus en phase avec le monde du travail, et des services gratuits et personnalisés de conseil en évolution professionnelle (CEP) ont été mis à la disposition des adultes. Néanmoins, l’information relative à l’orientation professionnelle reste souvent éparpillée et sans lien avec les besoins du marché du travail répertoriés par d’autres acteurs. En effet, les résultats de ces exercices d’évaluation des besoins du marché du travail restent peu utilisés. L'OCDE recommande la création d’une plateforme de partage des connaissances entre les parties prenantes, et d’un portail facile à utiliser réunissant toutes ces informations.