Commerce extérieur : l’économie française en soins intensifs

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Par Jean-Baptiste Giraud Modifié le 9 février 2022 à 19h05
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84,7 milliards d'eurosLe déficit commercial français a atteint 84,7 milliards d'euros, un record historique.

La France est confrontée au pire déficit de sa balance commerciale de toute son histoire pour 2021, mais la tendance de ces dix dernières années, à savoir, les quinquennats Hollande est Macron, est sans appel. Ces deux présidents, et leurs gouvernements respectifs, ont largement contribué au déclin économique de la France par une absence de vision, d’actions curatives, et préventives.

84,7 milliards d’euros. Rassurez-vous : ce chiffre n’évoque rien à personne, tellement il est énorme. Dès que les hommes politiques (et les commentateurs, et les journalistes) brassent des millions et des milliards dans leurs écrits ou dans leurs discours, ils perdent en route tout le monde, à commencer par eux-mêmes. Il est d’ailleurs devenu parfaitement banal de confondre les deux unités, d’utiliser l’une à la place de l’autre, comme si elles étaient interchangeables ! Bien sûr que non : 1 milliard, c’est mille millions, et mille millions d’euros, c’est beaucoup, c’est énormément d’argent.

Autant dire qu’un déficit de 84,7 milliards d’euros, c’est la catastrophe. On parle de deux fois le budget de la Défense Nationale. Ce chiffre à lui seul devrait contraindre Bruno Le Maire et bien évidemment Emmanuel Macron à la plus grande humilité. Il n’en est rien : l’un et l’autre se pavanent en brandissant le chiffre de la pseudo croissance enregistrée en 2021, dopée aux stéroïdes et anabolisants monétaires. Les mêmes se flattent d’avoir fait reculer le chômage comme jamais.

La réalité est toute autre.

Si nous importons beaucoup plus que nous exportons, c’est tout simplement parce que nous avons de moins en moins de choses à vendre à l’étranger. Le luxe français ne peut pas tout. Les ventes d’avions et d’hélicoptères d’Airbus ne compensent pas tout, ni non plus la vente de chasseurs Rafale par Dassault.

Laissons de côté les Allemands, qui sont les champions du monde toutes catégories des exportations. Très loin devant les Chinois, en valeur absolue !

En Europe, pour faire simple, tout le monde fait mieux que nous. Le déficit commercial de l’Espagne, pourtant avant-dernier, est deux fois inférieur au déficit français ! A l’inverse, la toute petite Irlande, qui compte à peine 5 millions d’habitants caracole en tête (derrière, donc, l’Allemagne, hors compétition), et cumule les records. En 2020, chacun de ses habitants, nourrissons et vieillards compris, a contribué à hauteur de 14 000 euros à l’excédent commercial irish.

Nous sommes également extraordinairement loin derrière les Pays-Bas, derrière les Italiens ou encore les Belges. Tous ces pays d’Europe exportent beaucoup plus qu’ils n’importent, alors qu’ils n’ont pas les-centrales-nucléaires-que-le-monde-nous-envie, centrales qui nous préservent de devoir importer encore plus de pétrole, de gaz, et de charbon, afin de produire de l’électricité. Sans notre nucléaire vieillissant, notre balance commerciale aurait déjà enfoncé le seuil fatidique des 100 milliards de déficit annuel depuis bien longtemps. Au rythme auquel on arrête les centrales, c’est peut-être pour cette année.

Si nous n’exportons plus, c’est parce que des décennies de socialisme assumé ou voilé, de centralisme d’État, de normalisation à outrance, de multiplication de taxes et de prélèvements en tout genre, de réduction du temps de travail, de terrorisme d’URSSAF, ont fait fuir les entrepreneurs, et contraint à la délocalisation des usines.

Cela me serre le cœur de vous l’écrire, mais la France va mal, très mal. La croissance mesurée par l’INSEE est artificielle, tout comme le taux de chômage mesuré aussi par l’INSEE est totalement trafiqué, quasiment autant que celui de l’inflation... bidouillé toujours par la même INSEE. Seul le chiffre du commerce extérieur (calculé par les Douanes !) ne ment pas. Et il révèle que notre pays est en réalité en soins intensifs, au bord du coma.

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Photo Jean Baptiste Giraud

Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).

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