Le tourisme à destination de la Hollande risque d’en prendre un coup… Depuis le 1er mai, la plupart des « coffee shops », ces fameux cafés permettant d’acheter du cannabis, n’ont plus le droit de vendre de l’herbe aux étrangers. Pour le moment, cette interdiction ne s’applique qu’aux provinces situées le long de la frontière sud des Pays-Bas, particulièrement courues par les touristes belges, français et allemands. Mais la mesure risque d’être étendue à Amsterdam et à l’ensemble du pays dès le début de l’année prochaine.
Où vont donc trouver refuge les voyageurs épris de drogues douces ? « Cela crée une vraie opportunité pour des villes comme Brighton et Hove [au sud de l’Angleterre, ndlr]. Devenir une destination « libérale » pour remplacer Amsterdam pourrait booster le nombre de touristes », s’enthousiasme dans son blog Ben Duncan, un conseiller municipal du sud de la côte anglaise. Pour l’instant, la Grande-Bretagne possède pourtant les lois les plus strictes d’Europe à l’égard des fumeurs de cannabis : une simple possession peut aller jusqu'à cinq ans de prison !
L’Espagne et le Portugal, en revanche, pourraient bien attirer les amateurs. Les deux pays considèrent en effet la possession de cannabis comme un délit mineur, voire toléré. Rasquera, un village espagnol situé dans le Nord-Est de la Catalogne, voit même dans le cannabis une manière de combattre la crise économique. Le mois dernier, la bourgade a ainsi alloué 17 hectares de terres publiques à l’Association Barcelonaise d’Usage Personnel de Cannabis. Son but ? Que les récoltes permettent de rembourser la dette et créer des emplois. Les autorités espagnoles étudient actuellement la légalité de ce projet.
Le Portugal, de son côté, applique depuis dix ans une politique de tolérance concernant les petites transactions et la consommation privée. Pourtant, « cela n’a pas contribué au développement d’un tourisme de la drogue », explique Joep Oomen de la Coalition Européenne pour une Politique de la Drogue Juste et Efficace, qui demande des règles plus souples.
Pourquoi une telle disparité en Europe ? La consommation de drogues est largement exclue des règles de l’Union Européenne, si bien que chaque nation est libre d’adopter le modèle qui lui convient. Une situation un rien paradoxale, en l'absence de contrôles aux frontières au sein de l'UE… Dans les années 1990, ce sujet avait d’ailleurs provoqué de sérieux remous entre la France et les Pays-Bas.
Les nouvelles mesures adoptées par les Pays-Bas déclenchent désormais les craintes des pays voisins. La fermeture des coffee shops risquerait selon eux de développer le commerce illégal de cannabis. « Cela aura un grand impact sur les pays de la frontière, en Allemagne et en Belgique », reconnaît Joep Oomen. « Maintenant que les cafés sont inaccessibles, il risque d’y avoir une augmentation considérable du marché illégal, et des petits vendeurs de rue à la fois en Hollande mais aussi dans les pays frontaliers. »
Par Paul Ames
Global Post /Adaptation Henri Lahera / JOL Press
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Article initialement publié le 22/05/2012